Stupeur sur le Tour de France. Alors que la journée de repos est synonyme de récupération et de détente pour la majorité des coureurs de la plus grande compétition cycliste, ce ne fut pas le cas pour Ivan Basso, vétéran italien (37 ans) qui a annoncé lundi en conférence de presse son abandon de manière précoce. La cause ? Un cancer des testicules décelé quelques jours plus tôt à la suite de douleurs causées par une chute lors des premières étapes.
Opéré avec succès ce jeudi à Milan, Ivan Basso quittera prochainement l’hôpital. Contacté par Pourquoidocteur, le Docteur Gérard Nicolet, qui compte 12 Tours de France à son actif comme médecin officiel de la course, livre son point de vue sur cette triste histoire.
Le cancer des testicules est-il quelque chose de fréquent chez les cyclistes ?
Gérard Nicolet : Non, pas vraiment. Le cancer des testicules reste une maladie peu fréquente. Et statistiquement il ne doit pas y avoir de différence entre la proportion de cas dans la population générale et dans un peloton professionnel. Bien sûr, certains cas sont plus médiatisés que les autres, comme la maladie de Lance Armstrong. Mais en plus de ce cas et de celui de Basso, je n’ai souvenir que d’un coureur français atteint dans les années 1980. On ne peut donc pas dire que ce soit spécifique aux coureurs cyclistes.
Comment expliquer les cas ? Est-ce dû à la position, aux frottements ?
Gérard Nicolet : Non, cela n’a pas de rapport. Une tumeur ne peut pas se développer de cette manière. En revanche, c’est vrai que les frottements et le pédalage peuvent être à la base de différents problèmes dans cette partie du corps. La zone la plus touchée est le périnée puisque le mouvement qui va d'avant en arrière (lorsque le coureur se rassoit sur la selle par exemple, Ndlr) peut créer une inflammation. Par la suite, il peut se produire ce que l'on appelle le phénomène de troisième testicule, voire des maladies neurologiques liées à un frottement trop fort. Le périnée est une zone très sensible chez le cycliste. J’ai toujours pour habitude de parler de l’anecdote de Laurent Fignon (coureur français blessé au périnée qui a perdu le Tour de France pour 6 secondes lors de la dernière étape du Tour en 1989, Ndlr) qui a perdu le Tour à cause de cela. C’est moi qui l’avait examiné le matin, j’ai dû dire à la presse que tout allait bien à cause du secret médical, mais nous savions que non.
Peut-on vraiment faire un lien entre ce type de cancer et le dopage ?
Gérard Nicolet : Avec ce qui s’est passé ces dernières années dans le cyclisme, c’est vrai qu’on se pose toujours la question de savoir si le dopage n’est pas derrière les maladies auxquelles nous sommes confrontés. En revanche, dans ce cas précis, il est impossible de faire un lien direct entre le cancer de Basso et une prise de substance illicite. Comme je vous le disais, les cyclistes ne sont pas plus touchés par ce cancer que le reste de la population.
Un cancer qui se soigne bien
Les cancers des testicules ne représentent que 1 à 2 % des cancers masculins. Surtout présents chez les hommes de 15 à 35 ans, ils se divisent en deux catégories : les tumeurs germinales (90-95 % des cas) et les tumeurs non-germinales (5 à 10 %). Le cancer des testicules est un cancer qui se soigne relativement bien, on estime à 95 % les chances de guérison. Les chiffres font état de 2 à 5 % de récidive.