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Mise en garde de l'ONU

Crise ukrainienne : 8 000 séropositifs risquent de ne plus avoir de traitement

Par Julian Prial

Le conflit entre Ukrainiens et prorusses pourraient avoir des conséquences inattendues sur la prise en charge de 8 000 séropositifs de l'est ukrainien. A la mi-août, les stocks de médicaments antirétroviraux seront épuisés.

A.ANGER/ZEPPELIN/SIPA
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Palestiniens, Iraniens, Yémenites, la liste des habitants dont l'accès aux médicaments est restreint à cause d'un blocus est longue. Celle-ci s'allonge encore ce lundi avec une alerte lancée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) au sujet de quelque 8 000 séropositifs dans l'est de l'Ukraine qui risquent d'être confrontés à une importante pénurie de médicaments dans un mois. La raison ? Le blocus économique organisé par Kiev frappant les région du Donbass, et les Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (prorusses). 

 

Des médicaments déjà payés 

Les patients « sont pris dans le feu croisé entre le gouvernement ukrainien et les combattants prorusses », a indiqué Michel Kazatchkine, envoyé spécial de l’ONU pour le sida en Europe orientale et Asie centrale, à l’ouverture de la 8e conférence sur la pathogenèse du VIH qui se tient jusqu’à mercredi à Vancouver (ouest du Canada). Dans des propos rapportés par l'Agence France Presse (AFP), il a appelé « les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, la Russie et l’Ukraine à agir », pour régler ce problème « urgent ».

En effet, alors que des milliers de malades ont fui ces zones, les 8 000 restés sur place sont principalement dépendants à la drogue et sont traités par opioïde (méthadone) en substitution à leur prise de drogue. Ils sont également sous antirétroviraux pour contrôler leur infection au VIH. « D’ici à la mi-août, les stocks seront épuisés », s'est inquiété Michel Kazatchkine.
Et le plus rageant pour ces patients, c'est que les médicaments sont déjà payés. L’ONG Médecins sans Frontières (MSF) s’est même déjà engagée à les acheminer et à superviser les traitements. Mais pour le moment, les produits semblent bloqués aux postes de contrôle de l’armée régulière ukrainienne ou tenus par les rebelles prorusses, souligne une dépêche AFP.

 

Ukraine : la pire épidémie de sida en Europe 

Une situation très dommageable pour les populations, car jusqu’ici, la coopération entre le gouvernement et la société civile en Ukraine avait permis de lutter efficacement contre la propagation du VIH. Du coup, pour ce responsable de l’ONU, toute cette avancée « est mise en danger par le conflit armé, la crise économique et le retrait des ONG ». 
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Ukraine comptait officiellement début 2014 quelque 234 000 séropositifs de plus de 15 ans, et faisait face à la pire épidémie du sida en Europe.