Le traitement préventif contre le VIH pourrait considérablement ralentir le rythme de l’épidémie. Mais la prophylaxie pré-exposition (PrEP) n’est pas assez prescrite pour cela. C’est ce qu’ont déploré plusieurs chercheurs en ouverture de la 8e Conférence sur la pathogenèse du VIH, le traitement et la prévention, organisée par l’International AIDS Society (19-22 juillet, Vancouver, Canada). Un regret d’autant plus justifié que plusieurs études présentées à ce congrès confirment l’efficacité de cette approche auprès de différentes populations à risque.
Nausées, migraines et perte de poids
Une première étude, menée aux Etats-Unis auprès de 557 hommes homosexuels ou transgenres, conclut que la quasi-totalité des participants adhère au traitement. Même constat au Brésil, où 509 hommes ont été suivis pendant deux ans.
Parmi les Américains infectés par le VIH, le médicament de référence (Truvada) n’était pas détectable dans le sang. Pourtant, prise correctement, la PrEP comporte assez peu d’effets secondaires. Un essai a été mené dans le Comté de Cook, dans l’Illinois (Etats-Unis). Les 200 jeunes hommes ont rapporté des nausées, des migraines, ou des pertes de poids.
Cette dernière étude confirme que les participants les plus observants étaient ceux dont le comportement était le plus à risque d’entraîner une infection par le VIH. Il faut dire que cela vaut le coup : au Botswana, les 229 hétérosexuels intégrés à l’étude n’ont pas été infectés alors qu’ils avaient des comportements sexuels à risque ou s’injectaient des drogues avec un matériel douteux.
Un traitement préventif variable
La prophylaxie pré-exposition (PrEP) ne définit pas une posologie particulière, mais plutôt une stratégie préventive : administrer des antirétroviraux, habituellement réservés aux séropositifs, à des personnes à risque d’infection par le VIH. Le médicament le plus utilisé est le Truvada, qui combine deux antirétroviraux (emtricitabine et tenofovir).
Aux Etats-Unis, la PrEP consiste en la prise d’un comprimé chaque jour. En France, un essai clinique (Ipergay) évalue une approche moins contraignante : un comprimé dans les deux heures précédant un rapport sexuel à risque, un autre 24 heures après, puis un troisième 48 heures après.
850 dollars par mois
Le principal obstacle à la prophylaxie pré-exposition, c’est son prix. Pour un mois de traitement, 850 dollars doivent être déboursés. Dans les pays où la protection sociale est faible, voire inexistante, ils sortent de la poche des patients. Les différents spécialistes du domaine ont donc appelé les gouvernements à s’impliquer davantage.
« Faisons de cette conférence celle où la question du début du traitement cesse d’être une question scientifique et commence à être une question de finances et de volonté politique, a déclaré le Pr Chris Beyrer, co-président de la conférence. La prophylaxie pré-exposition change la donne. Les données sont implacables. » L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) abonde dans ce sens : elle va annoncer une mise à jour de ses recommandations, tenant compte de l’efficacité de la PrEP.