« Le rugby est un de ces sports qui laissent une trace sur les cervicales. » Un article du Journal of Neurosurgery: Spine revient sur les conséquences de ce sport de contact sur la colonne vertébrale. Il n’y a pas que le cerveau qui pâtit des chocs à répétition, le haut de la colonne vertébrale aussi. Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs de l’étude toulousaine ont recruté 101 joueurs professionnels retraités membres de l’association Provale et 85 volontaires en bonne santé qui n’avaient jamais pratiqué de sport à un niveau professionnel.
La moitié des anciens rugbymen a déclaré souffrir de douleurs cervicales chroniques et avoir du mal à bouger le cou. Dans le groupe contrôle, ils n'étaient que 32 %. L'intensité des douleurs décrites était similaire dans les deux groupes, mais à l’IRM, des différences apparaissent. Les sportifs retraités ont un canal vertébral plus étroit que les autres et présentent davantage de sténoses (rétrécissement) du foramen, trou par lequel les fibres nerveuses sortent du canal vertébral. Mais ils ont un avantage par rapport aux non sportifs : les muscles entourant la colonne sont plus développés. Selon les chercheurs, cela pourrait être le résultat d’un mécanisme de défense contre la douleur.
Des lésions en cours de carrière
Les lésions cervicales sont toutefois plus sérieuses lorsqu’elles concernent un ancien rugbyman. L’un d’entre eux, joueur de première ligne, a présenté des lésions neurologiques et a été opéré à deux reprises. Dix ont subi une intervention à cause d’une maladie dégénérative de la colonne – principalement pour hernie discale et radiculopathie. Dans la majorité des cas, ces procédures sont survenues au cours de la carrière professionnelle. Cela indique que « la chirurgie de la colonne vertébrale n’empêche pas totalement les sports de contact chez les athlètes professionnels », soulignent les chercheurs. De telles blessures ont déjà été mises en évidence dans des études de plus petite taille.
« Ces symptômes sont extrêmement handicapants, souligne le Dr David Brauge, premier auteur de l’étude. Notre conclusion définitive se doit d’être prudente : nous ne pouvons toujours pas affirmer que ces lésions s’aggravent avec le temps ou que la maladie se stabilise avec l’arrêt de la pratique du rugby. » La particularité des participants doit aussi être prise en compte : ce sport de contact a certainement des conséquences plus graves chez des joueurs amateurs, qui représentent la principale population à risque.