Pour une femme, connaître un épisode de cystite au cours de sa vie fait quasiment partie des banalités. Cette infection urinaire basse est en effet extrêmement courante pour la population féminine. En effet, l’urètre – le canal de sortie de la vessie – est beaucoup plus court chez la femme, augmentant le risque de présence de germes dans la vessie. Elle se traduit généralement par des brûlures internes et des envies fréquentes d’uriner. Les cystites sont un problème « de plus en plus aigu dans le monde » d’après le Dr Jean-Marc Bohbot, infectiologue et directeur du département MST et d’andrologie de l’Institut Alfred Fournier. En juillet dernier, l’Institut français d’opinion publique (Ifop) réalisait à ce propos une étude, commandée par le laboratoire Nutrivercell. Sur un panel de 1563 femmes, plus de la moitié avait déjà fait une cystite, dont 27% au cours des trois dernières années.
De nombreux facteurs, bien indentifiés, peuvent favoriser la survenue de cystites : un défaut d’hydratation, des mictions trop espacées, un stress chronique, la constipation ou encore les rapports sexuels. Les cystites peuvent être d’origine bactérienne ou non, ce qui peut être établi au moyen d’une bandelette urinaire. « J’ai eu ma première cystite le lendemain de mon premier rapport sexuel, témoigne Justine*, 27 ans. Depuis, cela arrive de façon cyclique. » Dans le cas de Justine, lorsque la survenue de cystites dépasse trois crises par an, on parle alors de cystites récidivantes.
Or, si les erreurs de diagnostics sont rares d’après le Pr Franck Bruyère, urologue ; les erreurs de traitements sont au contraire fréquentes.
Ecoutez le Pr Franck Bruyère, médecin chirurgien urologue au CHU Bretonneau de Tours, responsable du comité infectieux à l’Agence française de l’urologie : « Il n’y a pas une prise en charge, mais plusieurs. La majorité des urologues ne sait pas bien prendre en charge les cystites récidivantes. »
Les antibiotiques font partie intégrante du traitement des crises de nature bactérienne. Christelle*, 50 ans, le sait bien. Elle a enchaîné trois antibiotiques différents pour traiter ses cystites. « Il n’y avait pas d’autre choix. J’avais l’impression qu’on ne m’apportait pas de solutions », témoigne-t-elle. La récurrence de la prise d’antibiotiques ne convenait pas à cette infirmière de profession, qui a fait des crises tous les deux mois puis tous les mois pendant un an et demi. Comme elle, nombre de patientes n’arrivent pas à se débarrasser de leurs cystites. « Depuis ma première cystite, j’ai des problèmes. Il y a deux ans, j’en ai eu jusqu’à une toute les semaines », indique Justine.
S’installe alors une véritable altération de la qualité de vie de ces patientes : plus de 70% estiment qu’elles en subissent les conséquences au quotidien, alors que 30% voient leur vie sexuelle impactée, d’après l’étude Ifop-Nutrivercell. « Dans la vie de tous les jours, je redoute les moments où je vais boire de l’alcool, ou ne pas boire assez d’eau, ou quand la fréquence de mes rapports sexuels augmente, explique Justine. Le comportement change, on devient un peu parano. » Christelle se remettait en question à chaque récidive : « il y a un genre d’angoisse qui s’installe ».
Pourtant, même chez les femmes qui ont un terrain propice aux cystites, il existe des outils pour les combattre. En premier lieu, il est nécessaire de s’assurer qu’il n’y ait pas de cause fonctionnelle ou organique (malformation…). Puis, il faut décrypter les habitudes de la patiente.
Écoutez le Pr Franck Bruyère : « Il est impératif d’établir un calendrier mictionnel ».
Après l’établissement du calendrier mictionnel de Christelle, il s’est avéré qu’elle souffrait d’une distension de la vessie. Avec le rythme de son activité professionnelle, elle n’allait pas uriner pendant 8 heures. « Et je buvais 2,5 L d’eau par jour pour ne pas avoir de cystites. Mais c’était un cercle vicieux, je me retenais, j’avais encore plus envie d’aller aux toilettes… », se souvient-elle. Cette mauvaise habitude d’hygiène de vie corrigée, Christelle a pu se débarrasser de ses cystites récidivantes.
Pour ce qui est des antibiotiques, ils restent à manipuler avec précaution pour ne pas aboutir à des résistances. Ils doivent être alternés, adaptés au germe, être prescrits pendant la bonne durée… « Lors de la première consultation, je ne donne jamais de traitement de fond par antibiothérapie. Trois mois plus tard, j’avise. De façon générale, j’arrive à diminuer de 90% la consommation sur l’année », explique le Pr Franck Bruyère.
En traitement de fond, les compléments nutritionnels peuvent être utiles. Ils contiennent de la canneberge, de la propolis, de la bruyère, des lactobacilles… Tout comme Justine, qui consomme régulièrement une boisson à base de canneberge, une airelle rouge qui vient d’Amérique du Nord.
Enfin, la composante psychologique n’est pas à négliger. Par exemple, faire des ECBU à chaque épisode peut se révéler stressant en plus d’être inutile. La persévérance peut être payante : le Pr Franck Bruyère estime qu’au final, 80% de ses patientes voient une réduction du nombre de leurs crises.
* Les prénoms ont été modifiés.
Le Pr Franck Bruyère déclare faire partie du bord de scientifiques de Nutrivercell, qui conçoit, formule et développe des compléments nutritionnels.