ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Vincent Lambert : ses parents préparent leur riposte judiciaire

Pour maintenir leur fils en vie

Vincent Lambert : ses parents préparent leur riposte judiciaire

Par Julian Prial

Persuadés que les médecins du CHU du Reims vont annoncer l'arrêt des traitements ce jeudi, les parents de Vincent Lambert sont prêts à tirer leur dernière cartouche judiciaire : le référé-liberté.

Viviane Lambert, la mère de Vincent Lambert, accompagnée d'un de ses avocats, Christian Lutz/AP/SIPA
MOTS-CLÉS :

C'est le jour J. Ce jeudi en début d'après-midi, le CHU de Reims va annoncer s’il arrête ou non les soins de Vincent Lambert, patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de sept ans. Alors que la femme du malade a d'ores et déjà annoncé qu'elle accepterait la décision de l'équipe médicale quelle qu'elle soit, les parents, eux, ont indiqué qu'ils useraient de tous les recours judiciaires possibles. Opposés à l'arrêt des traitements sur leur fils, ils vont donc tenter le tout pour le tout.

 

Un référé-liberté qui suspend pour 48 h

Pour commencer, Me Jean Paillot, leur avocat, a confirmé mercredi à l'Agence France Presse (AFP) qu'il allait déposer, à nouveau, un référé-liberté devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) « si le CHU de Reims annonce le mise à mort de Vincent Lambert ». Il visera à suspendre la décision rendue par le Dr Daniela Simon, à la tête de l'équipe médicale, au plus pour 48 heures.
En effet, cette juridiction devrait quand même suivre, au final, la décision du Conseil d'Etat, la plus haute instance juridique administrative, qui s'est déjà prononcé pour un arrêt des soins de Vincent Lambert. Un avis conforté en juin 2015 par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

 

Le protocole de fin de vie débutera, malgré les plaintes

Par ailleurs, les parents de Vincent Lambert ont annoncé qu'ils allaient déposer trois plaintes. Deux contre le Dr Daniela Simon (en charge de leur fils) et l’hôpital pour « tentative d’assassinat ». Le CHU de Reims, ainsi que les soignants, ont reçu il y a quelques jours le soutien de l'Ordre des médecins.
La dernière, pour « faux témoignage, faux et usage de faux » vise Rachel Lambert, la femme du malade dont l'état s'est aggravé ces dernières années (troubles de la déglutition...). Depuis le début de ce drame familial, l'épouse a en effet toujours soutenu que son mari lui aurait confié que, dans de telles circonstances, il souhaiterait mourir dans la dignité.

Néanmoins, la procédure d'arrêt des soins pourra débuter sans attendre ces procès au pénal. C'est en tout cas ce qu'avait assuré Me Sara Nourdin, l'avocate de Rachel Lambert, récemment, à Pourquoidocteur. « De toute façon, ces plaintes n'auront aucune incidence sur l'entame d'un protocole de fin de vie, s'il est décidé par les médecins. Elles ne sont pas de nature à le suspendre », avait-elle précisé.

 

Sit-in et appel au kidnapping, à quelques heures du rendu

Enfin, il faut souligner que l'ambiance devant le CHU de Reims se tend au fil des heures. Libération révèle ce jeudi que le « comité de soutien » du patient,  « Je soutiens Vincent », a appelé à manifester devant l’hôpital à 14 h 30.
Et certains radicaux préconisent des actions encore plus extrêmes, avec, par exemple, une « liste de propositions pour sauver Vincent Lambert » qui circule sur les réseaux sociaux.
Dedans, on trouve, entre autres suggestions, le blocus des fournitures alimentaires du CHU de Reims, empêchant tous les patients de manger tant que Vincent Lambert ne sera pas réalimenté ! Pire encore, ils suggèrent l’enlèvement, à l’approche de la décision, « d’un ou plusieurs des membres de la CEDH dans un endroit secret, sans alimentation ni hydratation ».
Des manifestations qui vont sans doute heurter une nouvelle fois l'équipe médicale autour de Vincent Lambert. Pour rappel, son ex-médecin, Eric Kariger, a l'an dernier démissionné du CHU de Reims suite à des menaces de mort sur lui et sa famille.