Un débat pour apaiser les tensions : voilà ce que propose la ministre de la Santé Marisol Touraine pour relancer la vaccination. Interrogée par nos confrères du Parisien, la ministre reconnaît les doutes qu’entretiennent les Français envers ce geste médical. Elle rappelle aussi l’importance de se vacciner pour la santé publique.
C’est en Espagne qu’un enfant non vacciné est mort de la diphtérie et en Allemagne qu’une épidémie de rougeole a fait rage. Mais « le doute est beaucoup plus élevé en France que dans la plupart des pays européens », selon Marisol Touraine. Actant cette remise en question, la ministre de la Santé a commandé un rapport à Sandrine Hurel (PS, députée de Seine-Maritime). Elle doit y présenter des mesures qui pourront booster l’adhésion à la politique vaccinale.
« Un vaccin ne guérit pas »
Mais Marisol Touraine veut aussi recueillir l’avis des Français. A la remise du rapport de Sandrine Hurel, prévue à l’automne, elle compte lancer « un débat public ». Et la transparence devrait être de mise : « Ne rien cacher est la meilleure manière de combattre ceux qui jouent sur des peurs scientifiquement infondées », martèle la ministre, qui compte travailler en lien étroit avec les médecins.
Car l’objectif est bien de comprendre pourquoi les Français nourrissent tant de doutes à l’encontre de la vaccination. Marisol Touraine y voit une combinaison de facteurs. L’épisode de la grippe A H1N1, et les cas de narcolepsie qui en ont découlé, ont attisé des braises déjà bien chaudes. La ministre rappelle toutefois que les effets secondaires ne peuvent pas être évités. « Un vaccin ne guérit pas : il vise à empêcher la survenue d’une maladie, dont les conséquences, graves, paraissent lointaines et que certains perdent de vue quand ils évaluent son bénéfice », rappelle-t-elle.
Le retour de la rougeole
La ministre de la Santé rappelle l’importance de la vaccination pour la santé publique. En effet, une couverture vaccinale de 95 % permet de protéger la population, y compris les individus non vaccinés. « Se vacciner n’est pas un geste de confort, ni uniquement un choix individuel. C’est un enjeu collectif », souligne Marisol Touraine. Ne pas s’y plier, c’est mettre en danger la population entière : une faible couverture vaccinale augmente le risque de réapparition de maladies éradiquées dans le pays, comme ç’a été le cas en Espagne avec la diphtérie, ou en Syrie avec la poliomyélite. Lorsque la vaccination recule, « certaines maladies reviennent, déplore la ministre. On l’a mesuré ce printemps encore, face à l’épidémie de rougeole qui s’est déclarée dans quatre écoles en Alsace ».