Le cannabis fait l’objet de vifs débats dans de nombreux pays, notamment en France. La question de sa légalisation est au cœur de ces derniers. Depuis quelques années aux États-Unis, des Etats comme le Colorado, l’Alaska, Washington ou l’Oregon en juillet dernier, autorisent l’usage récréatif de la marijuana. Pourtant, de nombreuses études scientifiques ont mis en évidence les effets à court et long terme de « cette drogue douce » sur la santé. Mais aujourd’hui, une étude publiée dans le journal Psychology of Addictive Behaviors les remet en question.
Ces travaux menés par le Centre médical de l’université de Pittsburgh suggèrent que fumer du cannabis à l’adolescence n’augmente pas le risque de maladies respiratoires, cardiovasculaires et de troubles psychotiques à l’âge adulte.
Suivis pendant 2 décennies
Pour arriver à ces conclusions, l’équipe du Pr Jordan Bechtold a suivi plus de 400 hommes durant une vingtaine d’années. Ce suivi a commencé alors que les participants n’avaient que 14 ans, à la fin des années 1980. Au départ, les chercheurs les ont interrogés tous les 6 mois. Après 18 mois de surveillance, les interviews se sont déroulées une fois par an jusqu’à leurs 26 ans. Enfin, entre 2009 et 2010, les scientifiques les ont interrogés pour la dernière fois lorsque les participants ont soufflé leur 36e bougie.
Les volontaires ont été séparés en 4 groupes selon leur consommation : usage faible ou inexistant (46 %), consommation chronique précoce (22 %), utilisation limitée à l’adolescence (11 %) et consommation ayant débuté pendant l'adolescence et prolongée à l'âge adulte (21 %).
D’après l'étude, les chercheurs n’ont observé aucune différence entre ces 4 groupes concernant la survenue de pathologies associées au cannabis telles que l’asthme, l’hypertension artérielle, la dépression ou les psychoses. Un résultat qui a « surpris » le responsable des travaux qui concède, par ailleurs, qu’une seule étude ne suffit pas pour démontrer l’innocuité du cannabis.
Des biais importants
Cependant, ces travaux présentent de nombreuses limites. Tout d’abord, ils ont été menés sur un échantillon exclusivement masculin. Ces résultats ne sont donc pas transposables à la gente féminine. Par ailleurs, les analyses effectuées portent sur des témoignages. Il n’est donc pas exclu que les volontaires aient menti ou omis certains détails de leurs consommations et problèmes de santé. Il est également possible que les participants ne savent pas s'ils souffrent d'une maladie. Enfin, il est difficile de conclure sur les effets à long terme alors qu’à la fin de l’étude, les participants n’avaient qu’une trentaine d’années et que certains consommaient encore de la marijuana.
Ainsi, des études supplémentaires sur un échantillon plus représentatif et sur une période plus longue sont nécessaires pour vérifier ces résultats.