Le syndicat de pilotes de la Lufthansa, Cockpit, s’est opposé ce lundi à la présence obligatoire d’un deuxième membre d’équipage dans la cabine et aux dépistages inopinés de drogues et d’alcool, recommandés par le rapport de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) rendu en juillet dernier.
Celle-ci avait été chargée par la Commission européenne de mettre en lumière les failles ayant permis à Andreas Lubitz de précipiter l’A320 de la Germanwings transportant 150 passagers dans les Alpes françaises. L’enquête avait alors révélé que le jeune co-pilote souffrait d’une dépression sévère et avait consulté une quarantaine de médecins.
Renforcer le suivi psychologique
Dans son rapport, l’AESA préconise donc le renforcement du suivi psychologique des pilotes. Une mesure soutenue par le syndicat. « La mise en place d’un réseau de soutien aux pilotes (en difficulté) particulièrement, est une évolution positive. Il n’y a qu’ainsi que l’on peut s’assurer que les concernés ne veuillent plus se cacher, mais cherchent plutôt de l’aide en temps voulu », a expliqué Markus Wahl, un porte-parole du syndicat cité dans un communiqué.
Un point sur lequel le syndicat allemand et celui international sont en désaccord. Dans un communiqué du 5 août dernier, l’IFALPA critiquait la mise en place d’une évaluation psychologique et psychiatrique lors du suivi médical de routine. Le syndicat international justifiait sa position en expliquant que « ces évaluations sont une atteinte flagrante à la vie privée et entraînent plus de stress et d’anxiété chez les membres d’équipages ». Ils se sont cependant exprimés en faveur d’une évaluation systématique avant l'embauche.
Les tests de dépistage dénoncés
En revanche, le syndicat des pilotes de la Lufthansa a vivement critiqué la présence d’un deuxième membre d’équipage dans le cockpit. Pour l’AESA, cette mesure déjà appliquée volontairement depuis la tragédie doit être maintenue. Mais pour le syndicat, cette deuxième personne présente des risques et ne garantit pas qu’un drame ne puisse encore arriver, en particulier si cette seconde personne est complice. Il affirme également que cette présence multiplie les risques que la porte blindée soit ouverte.
Enfin, Cockpit a dénoncé les dépistages aléatoires de drogues et d’alcool. Des tests « ne remédiant en aucun cas au problème et qui pourraient même s’avérer contre-productifs », a affirmé Markus Wahl. Le syndicat a par ailleurs insisté sur l’importance de préserver le secret médical alors que l’Agence européenne souhaite la mise en place d’une banque de données médicales sur les pilotes.