Rythme cardiaque, suivi de la glycémie, conseil pour arrêter de fumer ou encore podomètre. La santé mobile ou « m-santé » est un domaine en pleine expansion. Il existe plus de 100 000 applis santé gratuites ou payantes à télécharger sur son smartphone, et chaque jour, les boutiques virtuelles comme l’App Store (iOS) et Google Play Store (Android) en proposent des nouvelles. Mais ces outils de m-santé sont-ils efficaces pour aider les usagers à prendre soin de leur santé ?
A en croire une étude parue ce jeudi dans la revue Circulation, ces dispositifs peuvent inciter les utilisateurs à faire des choix de vie plus sains, en particulier pour prévenir les maladies cardiaques, mais les preuves scientifiques font encore défaut.
« Le fait que les applis mobiles ou les objets connectés de santé n’ont pas été pleinement étudiés ne signifie pas qu’ils sont inefficaces, explique Lora Burke, professeur d’épidémiologie et en école d’infirmières à l’université de Pittsburgh et responsable de l’étude. L’autocontrôle est l’une des stratégies essentielles pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Si une application santé permet de surveiller soi-même son régime alimentaire, son poids et son activité physique, cela favorise le changement de comportement et surtout de s’y tenir ».
Un Américain sur cinq les utilise
Aux États-Unis, un Américain sur cinq utilise ces technologies pour suivre son état de santé, et les applications les plus populaires concernent l’exercice physique, le comptage des pas et la mesure du rythme cardiaque. Des outils potentiellement efficaces pour réduire les risques cardiovasculaires.
Pour évaluer l’impact de ces derniers, les chercheurs ont analysé plus d’une soixantaine d’études afin de savoir si ces technologies répondaient aux exigences du programme de prévention cardiovasculaire conçu par l’association de cardiologie. Ce dernier tient en 7 points : manger équilibré, être physiquement actif, contrôler son poids, éviter de fumer, réduire sa glycémie, et surveiller son taux de cholestérol ainsi que sa pression artérielle.
Concernant la gestion du poids, les chercheurs ont observé que leur utilisation permet à l’utilisateur de perdre ses kilos superflus plus facilement et plus rapidement que ceux tentant de perdre du poids sans aide extérieure. « Cependant, il n’existe pas de travaux démontrant que cette perte de poids se maintient plus de 12 mois », notent les auteurs.
Efficace sur une courte durée
En outre, alors que la majorité des études montre que les programmes en ligne sont stimulants et motivent à bouger plus, porter un capteur mesurant le niveau d’activité physique ne mène pas aux mêmes résultats.
Pour cesser de fumer, là encore les applications semblent efficaces, mais sur une courte durée. En effet, bien que les applis utilisant des messages encourageant à arrêter le tabac doublent les chances d’y arriver, plus de 90 % des utilisateurs replongent 6 mois plus tard.
Enfin, les scientifiques indiquent que peu de travaux ont été menés sur les outils d’autocontrôle du diabète, de la tension artérielle ou du cholestérol. Et le peu existant actuellement porte sur de petits échantillons.
« Néanmoins, il ne faut pas écarter la possibilité que ces systèmes puissent nous aider à diminuer le risque cardiovasculaire », souligne la chercheuse avant d’ajouter que le choix des applications et des objets connectés peut et devrait se faire avec son médecin. En mai dernier, l'Agence du médicament appelait également à la prudence et précisait quelques élèments de repère comme le marquage CE pour faire le bon choix.