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QUESTION D'ACTU

Prescriptions abusives

Antibiotiques : les médecins anglais menacés de sanctions

Un dirigeant du système sanitaire britannique souhaite mettre en place des sanctions à l’encontre des médecins qui prescrivent trop d’antibiotiques.

Antibiotiques : les médecins anglais menacés de sanctions LOSON DENIS/ISOPIX/SIPA




Punir les médecins généralistes pour lutter contre la résistance aux antibiotiques ? Au Royaume-Uni, les institutions sanitaires y songent. Mark Baker, directeur des pratiques cliniques au NICE (National Institute for Health and Care Excellence), a lancé un pavé dans la mare ce mardi, en se disant favorable à un système d’actions disciplinaires contre les gros prescripteurs.

 

10 millions de prescriptions indues

En ligne de mire : les médecins qui proposent des antibiotiques pour des infections mineures. Selon les estimations du NHS, le système de santé britannique, 10 millions de prescriptions d’antibiotiques n’ont pas lieu d’être (soit un quart des prescriptions d’antibiotiques), et participent à rendre les bactéries toujours plus résistantes aux traitements. Or, comme le rappelle Mark Baker, « la perte d’efficacité des antibiotiques menace les fondements de la médecine moderne ».

Cette prise de position survient alors que la Grande-Bretagne vient de réviser ses recommandations en matière d’utilisation des antimicrobiens. Ses nouvelles directives, déterminées par le NICE, ont été publiées au mois d’août.
 

Médecins « bonne poire »

Elles ciblent en particulier les médecins « bonne poire » (« soft-touch GP’s »), selon l’expression employée par Mark Baker pour désigner les généralistes qui, sous la pression de leurs patients, prescrivent des antibiotiques pour traiter des infections virales (rhume, angine virale…) alors que ces médicaments sont destinés à combattre des maladies bactériennes.

Ainsi, selon les données nationales, neuf médecins sur dix subiraient des pressions de la part de leurs patients pour qu’ils leur prescrivent des antibiotiques. En parallèle, 97 % des patients qui réclament des antibiotiques parviennent à leurs fins.

Pour limiter les prescriptions, les nouvelles recommandations préconisent aux généralistes (notamment hospitaliers) de faire analyser des échantillons de ces types de microbes avant de prescrire des antibiotiques, afin de confirmer la cause de l’infection. Pour rassurer les patients anxieux et oppressants, elles proposent aussi de mettre en place des ordonnances différées, valables en cas de résultats positifs aux analyses bactériologiques.

« La plupart des médecins prescrivent avec intelligence et compétence, a nuancé Mark Baker. Mais un petit nombre de praticiens sont moins disciplinés. D’abord, nous devons les identifier, puis dans un second temps, il faut mettre en place des procédures pour qu’ils cessent ».

Bien entendu, le Collège Royal des Médecins Généralistes (Royal College of GPs) s’est montré très réticent à cette proposition de sanctionner les praticiens. Contacté par la BBC, l’un de ses membres a dénoncé une position « contre-productive et inutile ».

Consommation en hausse en France

En Angleterre comme ailleurs, l’antibiorésistance pose de multiples problèmes. Grâce à une vaste campagne nationale et à des slogans bien marqués (« les antibiotiques, c’est pas automatique ! »), la France a réussi à baisser ses taux de prescription… jusqu’en 2010, où ils sont repartis à la hausse. Ainsi, entre 2000 et 2013, la consommation d’antibiotiques a baissé de 10,7 %, mais elle a augmenté de 5,9 % depuis cinq ans. La France se situe toujours parmi les pays européens les plus friands d’antibiotiques.

Afin d'inverser cette tendance, Marisol Touraine a annoncé en novembre la mise en place d’un groupe de travail spécial sur la préservation des antibiotiques. Trois objectifs ont été définis par la ministre de la Santé : trouver un modèle économique permettant de soutenir l’émergence de nouvelles molécules, afin de consommer moins d’antibiotiques ; relancer un nouveau programme de prévention par la communication, en particulier en direction des plus jeunes ; enfin, inciter les médecins, praticiens hospitaliers et pharmaciens à être plus raisonnés dans l’usage des antibiotiques. Le recours à des sanctions n'a pas été évoqué. 

 

 

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