On en connaît davantage sur la génétique de l’obésité. En effet, des chercheurs américains ont réussi à comprendre comment fonctionne le gène qui contrôle le mécanisme grâce auquel les graisses brûlent ou s’emmagasinent dans l’organisme. Leurs travaux sont publiés dans le New England Journal of Medicine.
Le « gène de l’obésité » a été découvert il y a quelques années par des scientifiques britanniques. On estime que 44 % des populations européennes sont génétiquement prédisposées à l'obésité, car porteuses de la variation génétique FTO. Pour autant, on ignorait jusqu'ici le mécanisme d'action de cette variante.
Surexpression d’un gène
Ainsi, les chercheurs ont analysé les échantillons de tissus adipeux prélevés chez des personnes porteuses et non-porteuses de la variante génétique FTO. Ils ont constaté une activité accrue de deux gènes distants, IRX3 et IRX5, contrôlés par FTO.
Les spécialistes ont observé que lorsque l’un des deux gènes s’exprime fortement, cela entraîne une modification du métabolisme qui, au lieu de brûler de l'énergie, à savoir des graisses, les emmagasine, ce qui entraîne une prise de poids.
« Des études précédentes ont tenté de découvrir le lien entre la mutation génétique FTO et la régulation de l'appétit ou la propension à faire de l'exercice, et le contrôle du cerveau, écrit l’un des auteurs, du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Mais des analyses de plus d'une centaine de tissus adipeux humains et de différents types de cellules de graisse indiquent l'absence de lien avec le cerveau. Le mécanisme génétique réside principalement dans des cellules des tissus adipeux, pas le cerveau ».
Perte de 50 % du poids, sans régime
Ces scientifiques ont également démontré qu'il était possible de manipuler ce mécanisme génétique afin d’inverser l'accumulation de poids. Ainsi, en neutralisant l'activité du gène IRX3 chez des souris, le métabolisme des rongeurs a rapidement augmenté, ce qui a entraîné une nette perte de poids, sans aucune modification de leur niveau d'activité physique ou de leur appétit.
« L'impact sur l'organisme a été spectaculaire, selon les auteurs. Ces souris sont devenues 50 % plus minces que celles du groupe de contrôle et elles n'ont pris aucun poids même avec un régime alimentaire plus riche en graisse, brûlant plus d'énergie même dans leur sommeil, ce qui indique une modification drastique de leur métabolisme ».
Les résultats montrent que ce mécanisme génétique agit comme une commande centrale du stockage ou de la consommation d'énergie dans l'organisme, concluent ces chercheurs. Ils pourraient ouvrir la voie à de nouvelles thérapies contre l’obésité.