Bonne nouvelle dans le domaine de la démence – une fois n’est pas coutume. Alors que toutes les prévisions semblent indiquer que nous sommes à l’aube d’une épidémie majeure d’Alzheimer, encouragée par une population vieillissante, une étude publiée dans le Lancet Neurology affirme précisément le contraire.
Selon les auteurs de ces travaux, la prévalence de la démence serait en effet en train de se stabiliser en Europe de l’Ouest. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les résultats de cinq vastes études épidémiologiques menées en Espagne, en Suède, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni au cours des 20-30 dernières années.
Des prévisions obsolètes
Or, selon leurs observations, la prévalence (pourcentage de la population atteinte de démence) ainsi que l’incidence (nombre de nouveaux cas au cours d’une période donnée) seraient en train de chuter à travers le temps et les générations.
En fait, les estimations qui aboutissent à une épidémie à venir se fonderaient sur des données obsolètes. Les études qui les sous-tendent ont démarré dans les années 1980. « Ces vieilles études concluent à une "épidémie de démence" continue, mais elles sont dépassées parce qu’elles ne prennent pas en compte des éléments nouveaux, comme l’espérance de vie, les conditions de vie et les améliorations des soins et des modes de vie », expliquent les auteurs, de l’Université de Cambridge.
Ainsi, au Royaume-Uni, les chercheurs constatent une baisse significative de la prévalence (de 22 %) chez les personnes âgées de 65 ans en 2011, par rapport aux prévisions réalisées en 1990. Une telle réduction des taux est en fait liée à une stabilisation de la prévalence, affirment-ils.
Amélioration des soins et modes de vie
« Cette baisse de la prévalence coïncide avec l’amélioration des facteurs protecteurs de la démence (comme l’éducation et les modes de vie) et une diminution des facteurs de risque (comme les maladies cardiovasculaires) à travers les années », écrivent-ils encore, ajoutant que l’incidence et les décès liés aux maladies cardiovasculaires majeures ont diminué dans les pays à hauts revenus depuis les années 1980.
« Nous sommes potentiellement en train de récolter les fruits de la prévention et des thérapies des facteurs de risques cardiovasculaires, tels que l’hypertension et le cholestérol, qui sont également des facteurs de risques de démence ».
Malgré ces prévisions optimistes, les auteurs jugent que les démences resteront l’un des défis majeurs des années à venir, à cause du vieillissement de la population.