Comme à l'Hôtel-Dieu de Paris dans le passé, la situation dans le service d'urgences de Valognes (Manche) se tend au fil des jours. Ainsi, près de 2 000 personnes ont manifesté ce samedi matin dans cette commune de près de 7 000 habitants pour exprimer leur opposition à la fermeture, depuis le 6 août, du service des urgences du site de Valognes qui appartient au Centre hospitalier public du Cotentin (Basse-Normandie).
60 000 habitants impactés
Parmi les manifestants, au nombre de 2 500 selon les organisateurs, de 1 700 selon la police, figuraient environ 150 élus locaux, venus notamment des communes limitrophes de Valognes, elles aussi concernées par la fermeture.
En effet, les 60 000 habitants impactés doivent désormais se rendre jusqu'aux urgences de Cherbourg, à 25 minutes en voiture de Valognes.
Pire encore, la zone concernée connaît en période estivale un afflux important de touristes, notamment sur les plages du Débarquement allié (Normandie). Une situation temporaire qui n'arrange rien dans ce conflit qui s'enlise.
L'ARS évoque "une pénurie de médecins"
Pour comprendre l'origine de cette décision tant polémique, l'Agence France Presse (AFP) explique que la fermeture des urgences de Valognes a été prise, à titre temporaire, par l'Agence régionale de santé (ARS) Basse-Normandie qui la justifie par une pénurie de médecins empêchant, selon elle, un bon fonctionnement du service.
Les opposants, eux, dénoncent un "manque de concertation". Ils redoutent que cette fermeture soit définitive. Ils évoquent notamment un projet gouvernemental visant à fermer tous les services d'urgence accueillant moins de 15 000 patients par an.
Marisol Touraine tente de rassurer
Une accusation fondée ? Pas sûr, car dans un courrier adressé ce vendredi au maire (DVD) de Valognes, Jacques Coquelin, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a assuré « qu’aucune considération budgétaire n’était entrée en ligne de compte dans les décisions de suspension d’activité », et qu’elle avait demandé à l’ARS, en lien avec l’hôpital, de « garantir (la) réouverture (du service des urgences) dans les meilleures conditions, et ce, dès le mois de septembre ».
Pour le moment, seul le service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) de l’hôpital a repris son activité, le 15 août. Dans l'attente d'autres avancées, une pétition s’opposant à la fermeture a déjà recueilli 10 000 signatures.
Ses initiateurs (l'Association citoyenne de défense du centre hospitalier) espèrent en rassembler le double d’ici sa remise à l’ARS à Caen le 11 septembre.
Enfin, six communes et le syndicat CGT ont déposé le 20 août, devant le tribunal administratif de Caen, un recours en référé contre la fermeture des urgences. La date d’audience n’est pas encore connue.