Chaque année, au mois de février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réunit un groupe d’experts pour sélectionner les souches de virus grippaux qui composeront le vaccin de l’hiver suivant. Une réunion qui pourrait ne plus avoir lieu dans quelques années grâce au vaccin antigrippal universel.
En effet, deux équipes de recherche ont publié simultanément des travaux dans les prestigieuses revues scientifiques Science et Nature Medicine qui pourraient accélérer le développement d’un vaccin universel. Les chercheurs rapportent que ce dernier immunise complètement les souris, les singes et partiellement les furets, contre plusieurs souches du virus grippal.
Cibler une région stable du virus
Aujourd’hui, l’une des problématiques majeures concernant le virus de la grippe est sa capacité à muter très rapidement en permanence. Ces modifications affectent le plus souvent les protéines de surface du virus.
Pour mettre au point le vaccin universel, les chercheurs se sont concentrés sur l’une d’elles : l'hémagglutinine. Cette protéine permet au virus de se fixer à la cellule hôte et de l’infecter. Il en existe 16 sous-types numérotés de H1 à H16. Une variabilité surtout localisée au niveau de la « tête » de la protéine. C’est pourquoi les deux équipes ont ciblé la tige, une région stable.
L’équipe de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses de Bethesda, qui a publié son étude dans Nature Medicine, a associé la tige de l'hémagglutinine provenant du virus H1N1 à des nanoparticules. L’injection de ce vaccin chez la souris a déclenché la production d’anticorps conférant une protection totale à la souris et partielle au furet.
Des résultats à confirmer
En parallèle, l’équipe néerlandaise du Crucell Vaccine Institute qui a publié ses travaux dans Science a modifié la configuration de la tige de l'hémagglutinine afin de lui conférer une plus grande stabilité. Administré à la souris, leur vaccin candidat appelé mini-HA a suscité une production importante d’anticorps dirigés contre cette partie de la protéine. Les résultats suggèrent par ailleurs que le vaccin a conféré une protection optimale contre la souche H1N1 et H5N1 du virus grippal. Chez le singe, l’injection a provoqué la production d’anticorps à des niveaux élevés et a permis de faire baisser la fièvre après exposition au virus H1N1, comparé au groupe contrôle.
Bien que ces résultats soient accueillis favorablement par les experts, ces derniers restent prudents. Ils rappellent que des travaux supplémentaires devront montrer l’efficacité de ce vaccin contre d’autres souches du virus grippal ainsi que son efficacité chez l'ëtre humain.