La carence en vitamine D augmenterait le risque d’apparition de la sclérose en plaques (SEP), selon une étude canadienne menée par l’université McGill et publiée dans PLOS Medicine.
Cette pathologie auto-immune conduit à la dégénérescence des neurones du cerveau et de la moelle épinière. Elle affecte le plus souvent les jeunes gens dans leur vingtaine ou au début de la trentaine.
La cause de la SEP n’est pas encore connue. Plusieurs hypothèses, dont la piste de la vitamine D, sont actuellement étudiées. Mais jusqu’à maintenant, il était très difficile de savoir si le faible taux de vitamine D jouait un rôle dans le développement de la maladie ou si ce déficit en était une conséquence.
Un risque multiplié par 2
En utilisant la méthode de la randomisation mendélienne – une analyse qui repose sur les lois de la génétique pour associer un profil génétique à un facteur de risque de la maladie –, les chercheurs ont montré que le faible taux de vitamine D est fortement associé à la survenue de la sclérose en plaques. Ce déficit vitaminique doublerait même le risque d'apparition de la sclérose en plaques. Ces travaux ont été réalisés à partir de données de santé collectées auprès de 14 500 personnes atteintes de SEP et 24 000 personnes en bonne santé.
« Notre découverte est importante du point de vue de la santé publique, car la carence en vitamine D est fréquente, en particulier dans les pays nordiques comme le Canada où l’exposition à la lumière du soleil – une source naturelle courante de vitamine D – est diminuée pendant le long hiver et où nous retrouvons des taux disproportionnellement élevés de SEP », affirme le Dr Brent Richards, responsable de ces travaux et professeur agrégé de médecine et de génétique humaine à l’université McGill.
La supplémentation, une mesure de prévention
Aussi, le chercheur s’est dit favorable à la supplémentation en vitamine D, notamment chez les personnes ayant des antécédents familiaux de SEP. « Il s’agit d’une précaution qui va de soi étant donné que les suppléments de vitamine D sont généralement sans danger et peu coûteux », a-t-il souligné.
En France, les adultes comme les enfants présentent également des carences. D’une part, par le manque d’exposition au soleil, mais également par le faible apport par la nourriture puisque seuls les poissons gras en contiennent (saumon, cabillaud, flétan…). Les apports nutritionnels recommandés sont de 5 µg par jour chez les adultes et les enfants de plus de 3 ans et 10-15 µg par jour chez la personne âgée. Or, l’alimentation en apporte à peine 2 µg/j chez les enfants de 3 à 17 ans et de 2,6 µg /j chez les adultes de 18-79 ans, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES).
Les auteurs indiquent par ailleurs que la carence en vitamine D n’est pas le seul facteur de risque de cette maladie invalidante. Mais en l’identifiant, en en y remédiant grâce à la supplémentation, ils espèrent pouvoir réduire de façon importante le nombre de malades.