La bataille pour l’autorisation de l’Avastin prend fin, et c’est une victoire pour les patients. Un arrêté paru ce 27 août au Journal Officiel autorise le remboursement de cet anticancéreux dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Avec ce texte, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, tient la promesse d’une prise en charge dès le 1er septembre 2015.
La passe d'armes a été longue entre le gouvernement et le laboratoire Roche, qui commercialise l’Avastin. Dernier épisode en date : le refus de la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) par le géant suisse du médicament. L’industriel explique alors qu’une alternative existe déjà : le Lucentis (Novartis). Mais ce traitement a un coût 30 fois plus élevé (800 euros par injection), pour une efficacité équivalente.
Autre argument avancé par Roche : un risque d’infection bactériologique lors du reconditionnement. « Nous sommes prêts à donner en licence le produit à un tiers », avance même Yannick Plétan, directeur médical de la branche française, dans une interview accordée à Pourquoidocteur.
Une réticence qui n’empêche pas l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de délivrer, en juin, une autorisation spécifique qui limite la prescription de l’Avastin au cadre hospitalier, « dans des conditions strictement encadrées », précise le ministère de la Santé dans un communiqué.
Les points clés du dossier Avastin
Juillet 2012 : La Direction générale de la Santé (DGS) interdit l’utilisation de l’Avastin dans le traitement de la DMLA, provoquant un tollé.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2013 propose un texte autorisation l’utilisation d’un médicament hors autorisation de mise sur le marché (AMM) si son efficacité est reconnue et qu’une différence de prix existe avec le traitement autorisé.
Mars 2014 : Roche et Novartis sont condamnés par l'Autorité italienne de la concurrence pour entente illégale sur le dossier Avastin/Lucentis.
Avril 2014 : Dans une lettre ouverte au président François Hollande, les médecins généralistes réclament l’autorisation de l’Avastin.
Mai 2014 : le Conseil d’Etat juge, dans un rapport confidentiel, qu’imposer un médicament pour des raisons économiques n’est pas possible.
Juillet 2014 : Le député PS Gérard Bapt soumet un amendement au Projet de loi rectificative de financement de la sécurité sociale (PLRFSS) qui vise à autoriser l’Avastin pour des raisons de santé publique.
Septembre 2014 : Une revue Cochrane conclut à l’efficacité similaire de l’Avastin et du Lucentis dans le traitement de la DMLA.
Mars 2015 : L’ANSM approuve, avec une Recommandation temporaire d’utilisation (RTU), l’utilisation de l’Avastin dans cette indication.
Avril 2015 : Le laboratoire Roche s’oppose à la RTU.
27 août 2015 : Un arrêté au Journal Officiel acte la prise en charge par l’Assurance maladie de l’Avastin dans la DMLA.