L'Avastin sera bien pris en charge dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ce 27 août, un arrêté est paru au Journal Officiel. Il autorise le remboursement de cet anticancéreux commercialisé par Roche. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, maintient ainsi sa promesse d'une prise en charge dès le 1er septembre 2015.
Mais le laboratoire Roche continue de protester contre cette mesure « aux fins économiques ». Et pour cause : l'Avastin est 30 fois moins cher que le Lucentis (Novartis), traitement de référence, alors qu'il est aussi efficace.
En juin dernier, le laboratoire suisse a vivement critiqué la nouvelle Recommandation temporaire d'utilisation (RTU), qui permet l'utilisation de l'anticancéreux Avastin dans la DMLA.
L'arrêté paru ce 27 août fixe les conditions de prise en charge du médicament, et surtout son prix. « L'arrêté de prix, après une RTU, c'est un processus normal », commente Sylvie Caccia, directrice juridique de Roche France, contactée par Pourquoidocteur. Chaque seringue reviendra au prix de 10 euros. Sylvie Caccia se dit tout de même « étonnée que le texte reprenne celui de la RTU ».
Un protocole de suivi imposé
L'arrêté ouvre le remboursement, mais le cœur de la bataille se situe autour de l'utilisation de l'Avastin. A ce jour, le produit n'est pas conditionné pour une utilisation dans le traitement de la DMLA. Les pharmacies hospitalières devront donc reconditionner le produit.
Premier écueil pour Roche. « Nous avons attaqué la semaine dernière le décret du 30 décembre 2014. Nous avons déposé un recours en annulation et un recours en suspension, détaille Sylvie Caccia. Dans l'intérêt du patient, nous rappelons que l'Avastin n'est pas adapté à l'injection. » Le laboratoire martèle que le médicament n'est pas la seule possibilité de traitement de la DMLA : le Lucentis (Novartis) et l'Eylea (Bayer) disposent aussi d'une autorisation.
Si Roche se montre si véhément, c'est aussi parce que la RTU lui impose la responsabilité du suivi des patients, ainsi que « le recueil et l'analyse des données d'efficacité et de sécurité pendant toute la durée de la RTU. »
C'est la goutte de trop pour la directrice juridique du laboratoire suisse. « La France est le seul pays au monde à avoir mis ces obligations à la charge de Roche. On ne fait pas de reconditionnement. L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament, ndlr) a décidé d'un protocole dont nous ne faisons pas partie, et pourtant, on nous donne la responsabilité du produit, dénonce Sylvie Caccia. Nous ne souhaitons pas mettre en place le protocole de suivi. »
Et la représentante du laboratoire de confirmer que ledit protocole ne sera pas organisé avant que les décisions en justice ne soient rendues.