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Congrès à Amsterdam

Gueule de bois : des chercheurs ont testé les vieux remèdes

Par Yvan Pandelé

Pour remédier à la gueule de bois, chacun y va de sa recette miracle. Des chercheurs ont tenté d'y voir plus clair. Édifiant !

Portrait de Suzanne Valadon, par Toulouse-Lautrec

À moins de la considérer, dans une optique puritaine, comme la juste rétribution des excès de la veille, la gueule de bois est un état familier dont on se passerait bien. Mais comment faire pour éviter les lendemains difficiles, la bouche pâteuse, l’estomac en capilotade et les cheveux qui poussent à l’envers ?

Immunité à la gueule de bois ?

À l’occasion du très sérieux congrès annuel du Collège européen de neuropsychopharmacologie qui se tient ce week-end à Amsterdam, des chercheurs ont présenté de nouveaux résultats de recherche (en anglais) portant sur cette question cruciale.

Pour la science, le mécanisme de la gueule de bois (ou veisalgie, en termes plus choisis) demeure assez mystérieux. Différentes théories ont pu être avancées – déshydratation, sevrage, hypoglycémie, inflammation –, mais aucune ne prévaut complètement (en anglais). Pourtant, certaines personnes s’y déclarent totalement immunisées. Don du ciel ou tromperie ? En tous les cas, des chercheurs ont mené l'enquête. 

Amère déception

Pour tenter d’y voir moins trouble, ils se sont donc intéressés à un groupe d’étudiants canadiens, qu’on imagine concernés par la question. Ils ont ainsi demandé à 789 d’entre eux de rendre compte de leurs beuveries du mois, en détaillant leur gueule de bois subséquente, d’« inexistante » à « invalidante » (!). Leur consommation d’alcool était évaluée de la même façon.

Résultat, décevant s’il en est : les sujets immunisés à la gueule de bois étaient simplement… ceux qui buvaient le moins ! Et comme cette étude vient confirmer une étude néerlandaise aux conclusions analogues, il semble bien que l’immunité à la gueule de bois soit un mythe. Nul n’échappe à son destin.

Boire de l’eau et manger beaucoup

Pourtant, de nombreux remèdes, souvent échangés entre deux gémissements, sont censés permettre de lutter contre la gueule de bois. L’un d’entre eux, à la réputation solide, consiste à boire beaucoup d’eau avant d’aller se coucher. Un autre consiste à manger gras pour « éponger » l’alcool. Simple et efficace – du moins peut-on l’espérer.

Cette fois-ci, ce sont des étudiants néerlandais qui ont fait don d’eux-mêmes. Des chercheurs de l’université d’Utrecht en ont questionné 449, à la recherche d’une preuve d‘efficacité des remèdes susmentionnés : boire beaucoup et manger en quantité. Et c’est là que l’affaire se complique.

Des subtilités de la science

Dans l’ensemble, les scientifiques ont trouvé que boire beaucoup d’eau avant d’aller au lit, manger gras pendant l’alcoolisation ou prendre un solide petit déjeuner le lendemain matin avaient bien un effet statistiquement significatif sur le niveau de gueule de bois ressenti. En somme, les tests ont permis de montrer une différence qui n’est pas due au hasard.

Mais cette différence était si minime en termes d’amplitude que leur conclusion est sans appel : ces remèdes sont inutiles. « Comment peut-on éviter d’avoir la gueule de bois ? D’après ces nouveaux résultats de recherche, la réponse est simple. Il faut boire moins », tranche impitoyablement Michael Bloomfield, chercheur en psychiatrie au University College de Londres.

Une lueur d’espoir

Nuançons. L’étude en question est rétrospective et porte sur des questionnaires d’auto-évaluation. Il s’agit donc de résultats de fiabilité modérée. Par contraste, un essai de type contrôlé randomisé – comme ceux utilisés pour valider l’efficacité des médicaments – permettrait de valider les résultats de cette seconde étude de manière bien plus solide.

C’est du reste ce que concluent les chercheurs eux-mêmes. Il s’agit donc de garder espoir : il est probable que sous peu, des étudiants, néerlandais ou non, soient de nouveau sur la brèche afin d’aider la science. Et s’il est trop tard pour la modération, un conseil : une aspirine et un café font souvent l’affaire.