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Loi santé

Grève le 3 octobre : pourquoi les médecins sont en colère

Par Yvan Pandelé

Quatre syndicats de médecins libéraux appellent à une fermeture illimitée des cabinets à compter du 3 octobre, en protestation contre la loi santé.

DURAND FLORENCE/SIPA

La rentrée sera chaude sur le front de la santé. Profitant de l’ouverture hier de l’université d’été du Parti socialiste à La Rochelle, quatre organisations syndicales de médecins, vent debout contre le projet de loi santé de Marisol Touraine, ont menacé de fermer leurs cabinets à compter du 3 octobre, pour une durée illimitée.

Menace d’un arrêt complet des soins

La Fédération des médecins de France (FMF), l'Union française pour une médecine libre (UFML), le Syndicat des médecins libéraux (SML) et Le Bloc ont appelé à « mener des actions de septembre à décembre jusqu'à obtenir le retrait de cette loi », a déclaré Jérôme Marty, président de l’UFML. Des négociations seraient en cours avec les médecins urgentistes et hospitaliers afin d’étendre le mouvement, précise par ailleurs Éric Henry, président du SML.

Les syndicats protestent notamment contre la généralisation du tiers payant, mesure emblématique de la loi santé et principale pomme de discorde avec les médecins libéraux. Appliqué aux bénéficiaires de l’Aide à la complémentaire santé depuis juillet dernier, le tiers payant doit être étendu à tous les patients d’ici fin 2017. A terme, les patients n’auraient plus à avancer le prix de la consultation en attendant d'être remboursé par l’Assurance maladie et leur mutuelle.

Le secret médical comme angle d'attaque

En pratique, le tiers payant généralisé repose sur la mise en place du dossier médical partagé entre les différents acteurs de santé. « Cette loi institue l'étatisation et la financiarisation de la médecine », s’insurge Jérôme Marty, qui va jusqu’à parler d’« attaque historique contre la déontologie médicale » et pointe un risque de « commercialisation des données des patients ». Le système aurait aussi pour effet, d’après les syndicats opposés à la loi, de placer les médecins libéraux sous la tutelle financière de l’Assurance maladie.

D’un point de vue plus prosaïque, le tiers payant généralisé imposerait un surplus de travail aux médecins, dénonce MG France, le premier syndicat de médecins généralistes, qui appelle à la grève le 5 octobre. Les praticiens redoutent de devoir faire les frais des lourdeurs administratives d’un système qui s’annonce complexe, notamment lorsqu’il s’agit d’obtenir le remboursement du ticket complémentaire auprès des mutuelles.

La loi santé bientôt au Sénat

Il faut dire que le moment se prête à la contestation, sinon à la surenchère. Le projet de loi de modernisation de la santé, adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en avril dernier, doit être examiné par le Sénat à partir du 14 octobre. Par ailleurs, les élections professionnelles pour les syndicats médecins libéraux doivent se tenir le 12 octobre prochain – une collusion de calendriers dénoncée par plusieurs syndicats.