Il y a quelques années, un fait divers macabre avait ébranlé la presse à sensations. En effet, un jeune homme taïwanais de 18 ans était décédé après avoir joué à un jeu vidéo des heures durant sans se lever une seule fois de sa chaise. Si les causes du décès étaient restées floues, les médecins légistes avaient pointé du doigt cette longue période d’immobilité comme cause possible d’un arrêt cardiaque. Or, selon une récente étude réalisée par l’European Society of Cardiology, le risque de décéder de cette manière pourrait bien être plus important qu’on ne l’imaginait.
Ces travaux, concernant près de 86 000 personnes suivies pendant près de 18 ans, ont montré que regarder la télévision pendant cinq heures et plus quotidiennement multiplierait les risques d’embolie pulmonaire. En revanche, les risques sont bien plus faibles, voire nuls, pour deux heures et moins passées devant un écran.
Des risques multipliés par deux
Dans le détail, l'étude incluait 36 000 hommes et 50 000 femmes. Agés de 40 à 79 ans, ils ont au début de l’expérience rempli un questionnaire afin de mieux connaître leurs habitudes de consommation télévisuelle. Les chercheurs ont ensuite observé la relation entre les décès et les réponses aux questionnaires.
Après ajustements (sexe, taille, poids…), il a été observé 59 décès causés par une embolie pulmonaire. Toutes ces personnes faisaient partie de la catégorie des grands consommateurs de télévision. Selon les scientifiques, le risque d'embolie est multiplié par deux lorsque l’on reste trop longtemps immobile devant un écran quel qu'il soit.
Le risque maximal a été localisé chez les individus de moins de 60 ans qui regardaient en moyenne 5 h de télévision quotidiennement. En moyenne, ce risque d’embolie était chez eux 6 fois plus élevé que chez les personnes du même âge qui ne restaient que 2 h ou moins devant l’écran.
Atténuer les effets du "syndrome de la classe économique"
« Les jambes immobilisées pendant que l’on regarde la télévision peuvent expliquer ce constat, explique le Pr Toru Shirakawa, en charge de l’étude. Pour prévenir l’embolie pulmonaire, nous recommandons le même comportement préventif utilisé pour lutter contre le syndrome de la classe économique (phénomène concernant les grands voyages en avion, où les voyageurs sont longtemps immobiles, NDLR). Autrement dit, prendre une pause, se lever, se promener. Boire de l’eau est également important ».
Selon l’équipe de scientifiques, d’autres travaux sont nécessaires afin d’évaluer les liens entre utilisation prolongée de nouvelles technologies et mortalité liée à l’embolie pulmonaire. En attendant, il est conseillé aux autorités de « sensibiliser le grand public quand à l’immobilisation prolongée des jambes ».