Depuis quelques années, le running est devenu un vrai phénomène de société. En effet, il n’est plus rare de voir des employés profiter de leur pause déjeuner pour courir une demi-heure afin de garder la forme. Sur les réseaux sociaux, les internautes se regroupent également par quartiers de grandes villes afin de pratiquer le running en groupe.
Une équipe de chercheurs de l’université de Montréal (Canada) s’est récemment attelée à comprendre l’engouement pour ce sport. Et les résultats sont plutôt surprenants. Alors qu’il était acté que les endorphines (sécrétées lors d’un effort intense) étaient en grande partie responsables du plaisir généré par la course à pied, les travaux ont finalement démontré qu’un neurotransmetteur, la dopamine, a également un rôle important à jouer.
La course testée sur des souris
« Nous avons découvert que l'effet de récompense de l'activité physique à l'endurance est modulé par la leptine, une hormone clé du métabolisme », explique Stephanie Fulton, chercheuse CRCHUM en charge de l’étude. La leptine est en effet une hormone, sécrétée par le tissu adipeux, qui régule la satiété et influence aussi la motivation. Selon les chercheurs, la leptine diminuerait l'envie de bouger en agissant sur les neurones qui sécrètent la dopamine, connus eux pour être impliqués dans la motivation.
Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont observé le comportement de souris génétiquement modifiées, ou non. Alors que les souris témoins peuvent courir jusqu’à sept kilomètres par jour dans la roue d’exercice placée dans leur cage, les animaux chez lesquels la sécrétion de la protéine STAT3 avait été supprimée se sont montrés encore bien plus actifs.
Cette protéine STAT3 serait ainsi l'élement clé, expliquant le lien entre leptine et neurones de la motivation. « Lorsqu'elle est activée par la leptine, STAT3 envoie le signal que les réserves d’énergie dans le corps sont suffisantes et qu’il n’est pas nécessaire de s’activer pour partir en quête de nourriture », expliquent les chercheurs.
Un effet aussi sur l'euphorie du coureur
Chez l’être humain, la leptine a également un rôle important à jouer dans la motivation. Plusieurs études ont montré un lien entre la concentration en leptine et le temps réalisé lors d’un marathon. Moins la leptine est présente, meilleurs sont les temps. Mais outre la motivation à courir, l'hormone agirait aussi sur l'euphorie ressentie après l'effort. Là encore, des taux bas de leptine seraient plus propices à ressentir un bien-être après une séance d'entraînement.
Quoi qu’il en soit, si l’on n’est pas habitué à une activité physique régulière, mieux vaut pratiquer le running avec modération. En effet, l’excès de sport pourrait être néfaste alors qu’à contrario, courir entre une heure et deux heures et demie par semaine serait associé à un faible taux de mortalité.