Les symptômes de la maladie de Parkinson seraient liés à une « surchauffe » de certains neurones jouant un rôle précis dans le contrôle du mouvement, selon une étude canadienne parue ce jeudi dans Current Biology.
« Comme un moteur qui tournerait trop vite, ces neurones doivent produire beaucoup d'énergie pour fonctionner. Ils s'épuisent et meurent prématurément » explique Louis-Éric Trudeau, professeur à l'université de Montréal, responsable des travaux publiés. Plus précisément, ce sont les mitochondries – petites structures cellulaires – qui, trop sollicitées, ne fonctionnent plus correctement et provoquent la mort cellulaire.
Des neurones trop gourmands en énergie
Selon les observations faites chez la souris, cette surchauffe est circonscrite à des régions spécifiques du cerveau comme la substance noire, le locus ceruleus et le noyau dorsal du nerf vague. En se concentrant sur ces zones, les scientifiques ont découvert que « le burn-out des mitochondries » est dû à des neurones très complexes connectés à plusieurs autres neurones et formant un nombre important de synapses (connexions). Or, ces multiples échanges entre neurones nécessitent une production d’énergie importante car la libération de neurotransmetteurs, comme la dopamine, est gourmande en énergie. Une surproduction qui mènerait à une usure prématurée de ces neurones.
Un dysfonctionnement qui découle d’une certaine façon de l’allongement de l’espérance de vie. « D'un point de vue évolutif, certains de nos neurones ne sont pas programmés pour durer 80, 90 et même 100 ans comme on le voit de plus en plus. Il faut s'attendre à ce qu'une partie du système subisse plus difficilement les outrages du temps », souligne Louis-Éric Trudeau.
Mieux comprendre la pathologie
Par ailleurs, ces travaux permettraient de faire évoluer les modèles animaux sur lesquels travaillent les scientifiques. « Pour une raison obscure, les laboratoires spécialisés ne parviennent pas à reproduire chez la souris les symptômes de la maladie de Parkinson, même en recourant à la transgénèse pour mimer les mutations retrouvées chez l'humain dans les formes familiales de cette maladie. Notre découverte pourrait permettre à court terme de proposer des lignées mieux adaptées à la recherche », explique Louis-Éric Trudeau.
Cette découverte ouvre de nouvelles pistes de recherches. Le chercheur canadien évoque par exemple le développement de médicaments capables de limiter la consommation d’énergie ou d'aider les neurones en cause à produire de l’énergie plus efficacement.
En France, plus de 150 000 personnes seraient touchées par cette maladie qui ne se guérit pas. Les traitements actuels permettent de diminuer les symptômes et d’améliorer la qualité de vie des malades.