L’île de La Réunion fait face à l’arrivée d’une nouvelle drogue sur son territoire. Depuis quelques mois, le « Crystal », de la métamphétamine sous forme de cristaux, circule sur l’île et attise l’inquiétude des addictologues. Ce week-end, un médecin a ainsi lancé l’alerte sur les réseaux sociaux.
Terrain propice
« C’est un phénomène nouveau et franchement alarmant, car La Réunion peut être un terrain très propice au développement de la consommation de crystal meth », explique David Mété, chef du service Addictologie au CHU Félix-Guyon, à Saint-Denis.
En effet, sur l’île, les psychostimulants sont rares. Si le cannabis se cultive sur ses terres, l’héroïne, l’ecstasy ou encore la cocaïne viennent en revanche de loin. Quand ces drogues ne sont pas interceptées avant leur entrée sur le territoire, elles s’y vendent à prix d’or. Du coup, les usagers, plus rares qu’en métropole, se tournent vers d’autres modes de consommation.
« Les jeunes Réunionnais avides de sensations fortes détournent plutôt des médicaments, tels que l’Artane, qui a des effets euphorisants et addictogènes peu puissants », précise David Mété. Or, c’est précisément cette population qui inquiète les médecins. « Ce nouveau trafic pourrait les intéresser eux en particulier, avec des conséquences sanitaires désastreuses ».
Des dizaines de consommateurs
Ainsi, depuis quelques mois, entre quatre et cinq patients ont été pris en charge dans les services d’addiction des hôpitaux de La Réunion, et les praticiens estiment que les consommateurs se comptent par dizaines sur l’île. Un chiffre relativement restreint, mais qui reflète une inquiétante réalité.
« Ce produit extrêmement puissant peut induire une dépendance dès les premières prises, ajoute ainsi David Mété. Les patients que nous recevons ont exprimé de vives peurs vis-à-vis des compulsions qu’engendre la consommation de crystal ».
Les effets secondaires de cette drogue de synthèse sont bien connus : paranoïa, agressivité, violences majeures envers les autres et soi-même… La drogue agit pendant une longue durée – douze heures après sa consommation, 50 % de la substance est décelable dans le sang – et met le système nerveux à rude épreuve, en stimulant violemment les récepteurs dopaminergiques
Sur l’île de La Réunion, le produit pourrait être importé de Thaïlande ou d’Afrique du Sud, deux pays où il provoque des ravages parmi la population. En Europe, sa présence est encore peu répandue. « Il faut absolument veiller à ce que le crystal meth ne se répande pas ici, insiste encore David Mété. L’impact pourrait être très grave, sur le plan sanitaire, sur l’équilibre social et sur la criminalité. Les autorités doivent agir vite. »