En Europe, les fumeurs sont de moins en moins décidés à arrêter la cigarette, révèlent les dernières données de l’enquête EUROASPIRE présentées ce mardi au Congrès de la Société européenne de cardiologie.
EUROASPIRE est une série d’études observationnelles ayant pour objectif d’évaluer les mesures de prévention mises en place chez les patients atteints de maladies coronariennes et les personnes à haut risque de développer une pathologie cardiovasculaire. Au total, quatre études EUROASPIRE ont été menées dans toute l’Europe.
Ces nouveaux travaux ont porté sur l’analyse du mode de vie, des facteurs de risque et du traitement médicamenteux chez 5 890 personnes à haut risque de développer une maladie cardiovasculaire dans cinq pays européens (Bulgarie, Croatie, Pologne, Roumanie et Grande-Bretagne). Ces informations reposent sur les deux dernières études EUROASPIRE III et IV menées entre 2006 et 2008, puis entre 2014 et 2015.
« Nous voulions voir si une évolution des modes de vie ou des facteurs de risque avaient eu lieu entre les deux études, et si les actions de prévention s’étaient améliorées ces dernières années », a expliqué le Pr Kornelia Kotseva, présidente du comité de pilotage d’EUROASPIRE et chercheuse à l’Imperial College London.
Taux de tabagisme élevé chez les jeunes
Et leurs résultats sont quelque peu décevants. En sept ans, la prévalence du tabagisme est restée la même, soit environ 17 % de fumeurs chez les personnes à haut risque de maladies cardiovasculaires. Ces derniers étaient les plus nombreux chez les moins de 50 ans. En outre, la proportion de fumeurs déclarant ne pas avoir l’intention d’écraser leur dernière cigarette a grimpé, passant de 23 % à 34 %.
« Les taux de tabagisme les plus élevés restent chez les plus jeunes patients, alors que ce sont eux qui ont le plus à gagner en arrêtant de fumer, souligne le Pr Kornelia Kotseva. L’usage des traitements pour arrêter de fumer demeure peu développé au cours de ces sept dernières années, donc l’accent doit être mis dans ce domaine. »
13 millions de Français fument régulièrement
L’Europe n’est pas la seule région du monde à échouer dans sa lutte contre le tabac. La Chine est également touchée par ce fléau. Selon une étude parue ce mardi dans Cancer, le géant d’Asie produit et consomme environ 40 % des cigarettes mondiales. Un usage qui concernerait exclusivement les hommes et provoquerait environ 435 000 cancers chaque année.
En revanche, les Etats-Unis n’ont jamais recensé aussi peu de fumeurs. Selon les données du Centre national des statistiques de santé, la proportion de fumeurs est passée de 24,7 % en 1997 à 15,2 % en janvier-mars 2015. Ainsi, 36,7 millions d'adultes américains fumeraient actuellement.
La France compte environ 29 % de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans, soit environ 13 millions de fumeurs réguliers selon l'Office français des drogues et des toxicomanies.
Des différences frappantes qui soulignent la nécessité de mener des programmes et plans nationaux de lutte. Paquet neutre, hausse du prix du paquet, campagnes publicitaires chocs... Les pays engagés dans la lutte contre le tabagisme multiplient les mesures de sensibilisation pour réduire le nombre de fumeurs et les morts liés au tabac.
Dans le monde, plus de 6 millions de personnes en meurent chaque année. « Une épidémie qui tuera plus de 8 millions de personnes d'ici 2030 si rien n'est fait », selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).