Le verdict des procureurs est tombé. Un médicament sur deux serait inutile et 5% d’entre eux seraient dangereux. Dans un livre (1) qui sort cette semaine, les Prs Bernard Debré et Philippe Even dressent un réquisitoire sévère contre la pharmacopée française. . « Il faut dépoussiérer les étagères des pharmacies » , résume Marc Payet, le journaliste du Parisien.
Très médiatisés pendant l’affaire du Mediator, le chirurgien-urologue et le pneumologue fustigent les autorités sanitaires, accusées d’inertie, les laboratoires pharmaceutiques soupçonnés de vouloir vendre à tout leurs produits et les médecins, incapables de faire des ordonnances courtes. Résultat, les Français se classent au cinquième rang mondial des pays les plus dépensiers en médicaments, ajoute le quotidien.
Et pour éviter que l’opinion publique ne soit « intoxiquée par le discours habituel de l’efficacité de tous les médicaments », le Pr Even propose que le gouvernement s’engage sur un plan massif de déremboursement de ceux qui sont inutiles. A la clé, 10 milliards d’économie.
Une charge convaincante qui ferait presque oublier que l’évaluation et la pharmacovigilance des produits pharmaceutiques est assurée par l’Agence nationale de sécurité du médicament. Interrogé par le journaliste, son patron, le Pr Dominique Maraninchi, réagit : « nous les retirons (ndlr : médicaments) quand il y a des problèmes de sécurité prouvés ».
Cette forme de procès sert-elle la santé publique ? Elle a le mérite d’obliger les différents acteurs de la chaîne de soins à se positionner. Et les patients, ceux qui suivent un traitement pour une maladie chronique ou qui prennent des antibiotiques, que doivent-ils faire ? En entendant deux éminents professeurs assener que 50% des médicaments sont inutiles, peut-être vont-ils penser que les leurs font partie de la liste noire...
(1) Le Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux