Des chercheurs français ont mis en évidence un « cocktail toxique » : celui d’une molécule présente dans les pilules contraceptives et d’un pesticide organochloré. Ils publient dans Nature Communications une preuve de concept. Mais la portée de tels travaux est très concrète. Décryptage avec le Dr Patrick Balaguer, directeur de recherche à l’Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier (Hérault).
Pris individuellement, l’éthinylestradiol n’a pas d’effet négatif. Il est même utilisé dans les pilules contraceptives. Mais combiné avec le trans-nonachlor, un pesticide reconnu perturbateur endocrinien, une « action synergique » survient : les deux produits se lient au récepteur pregnane X, situé dans le foie, et créent une nouvelle molécule toxique.
« Ces travaux ont une portée pratique, souligne le Dr Patrick Balaguer. Il faut comprendre qu’il ne faut pas se contenter d’analyser les effets d’un produit seul, mais qu’il faut étudier leurs effets combinés. Il faut redéfinir la recherche pharmacologique. »
L’effet « cocktail » est donc avéré sur deux molécules. Mais l’équipe française a pour objectif d’élargir le champ de recherches. En effet, le récepteur mis en évidence a un rôle-clé dans la détoxification de l’organisme. Et l’activer peut s’avérer néfaste dans certains cas : dans le cancer, explique le Dr Balaguer, il pourrait réduire l’efficacité d’un traitement en le dégradant. Examiner un large éventail de combinaisons est donc crucial. « Il y a deux façons de le faire, détaille Patrick Balaguer. On peut commander une banque de médicaments, ce qu’on va faire, et réaliser des tests aléatoires. On peut aussi tenir compte de la bibliographie et tester des interactions déjà mises en évidence, pour vérifier que le récepteur X n’est pas activé. »