En direct de l'European Respiratory Society (1er au 5 septembre 2012, Vienne)
Une étude présentée au congrès annuel de la Société Européenne de Pneumologie, à Vienne, confrime une augmentation du nombre de cancers du poumon chez les non-fumeurs en France. Il s’agit de la forme la plus fréquente de ce cancer, c’est-à-dire le type « non à petites cellules » (avec une majorité « d’adénocarcinomes »), qui est traditionnellement associée à un tabagisme. Elle montre également une augmentation du nombre de ces cancers chez les femmes.
En dehors du tabac, on connaît encore assez mal les facteurs de risque qui peuvent causer le cancer du poumon « non à petite cellule » chez les non-fumeurs. Cela peut être lié au tabagisme passif bien sûr, mais, récemment, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé que les gaz d'échappement des moteurs diesel étaient une cause de cancer du poumon. Elle a donc classé les vapeurs de diesel dans la liste des produits cancérogènes. Cependant, d'autres recherches sont nécessaires pour mieux analyser tous les facteurs qui pourraient contribuer au cancer du poumon chez les non-fumeurs.
Des chercheurs du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux ont réalisé une étude visant à comprendre l’augmentation de la fréquence du cancer du poumon dans la population française. Ils ont comparé en 2010, 7610 cas de cancers du poumon déjà diagnostiqués avec 7.610 nouveaux cas de cancers du poumon, dont 6083 cancers « non à petite cellules ». L'étude fait suite à une enquête similaire réalisée en 2000. Pour chaque malade étaient recueillies plusieurs données, dont l'âge, le tabagisme, l’analyse du type de cellules de leur cancer (histologie), et le stade de leur cancer du poumon au moment du diagnostic (classification).
Les résultats ont clairement montré une augmentation du nombre de cas de cancers du poumon chez les femmes (24,4% des cas contre 16%, 10 ans auparavant) et les non-fumeurs (11,9% des cas contre 7,9%). Mais si on regarde la fréquence de ce cancer chez les fumeuses ou les ex-fumeurs, les taux de cancer du poumon ont à peine changé, passant de 64% en 2000 à 66% en 2010.
En outre, l'étude a également révélé que 58% des personnes atteintes de cancer du poumon ont été diagnostiqués au stade le plus avancé de la maladie, avec soit une atteinte des deux poumons, soit d'une autre partie du corps. Ce chiffre était de 43% en 2000. Selon les auteurs, il est possible que cela soit dû à des modifications de la classification des différents stades de la maladie. L'étude a enfin constaté un changement dans le type de cancer du poumon avec une augmentation du nombre de personnes qui développent un adénocarcinome, celui-ci passant de 35,8% en 2000, à 53,5% en 2010.
Alors que le tabagisme se stabilise ou se réduit chez les hommes, on s’aperçoit que la forme de cancer du poumon traditionnellement associée au tabac, l’adénocarcinome, ne fait que croître chez les non-fumeurs et chez les femmes. Cette accroissement s’associe à une augmentation de leur gravité avec un diagnostic probablement plus tardif car ces populations ne sont généralement pas ciblées par les campagnes de dépistage du cancer du poumon. Enfin, se pose la question de la responsabilité de l’exposition à un autre agent cancérigène qui augmenterait actuellement dans l’environnement : après les déclarations de l’OMS, les gaz d’échappement du diesel tiennent la corde.