Sept ans après le début du scandale du Mediator, la justice française étudie pour la première fois la responsabilité du laboratoire Servier. Ce jeudi après-midi, la 2e chambre de tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre examine deux demandes d’indemnisation. Une décision qui pourrait faire jurisprudence pour les milliers de victimes de cet antidiabétique prescrit pendant plus de 30 ans comme coupe-faim. Retiré en 2009, il pourrait être à l'origine de 1 300 à 1 800 morts à long terme.
La première demande a été déposée par une femme de 67 ans souffrant de valvulvopathie qui réclame 125 000 euros au laboratoire en réparation de son préjudice. L’autre concerne un homme de 72 ans qui réclame 900 000 euros après avoir subi une opération du cœur pour lui implanter des valves cardiaques. Ces procédures au civil ont donc pour but de réclamer des indemnisations en raison des effets de ce coupe-faim.
Aucun centime de versé
Au micro d’Europe 1, l’avocat des victimes, Charles Joseph-Oudin, dénonce des délais d’indemnisation trop longs et les manquements du laboratoire. « Le temps qui passe n'est pas favorable aux victimes et il est vraisemblable, si les laboratoires Servier font appel puis vont devant la Cour de cassation, qu'il faudra à peu près dix ans pour que mon client obtienne une indemnisation définitive. Ce n'est pas acceptable », a-t-il déploré.
Selon Le Figaro, le laboratoire Servier devrait entre 2 et 30 millions d’euros aux caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) qui doivent avancer les frais de prise en charge des patients. Ces dernières ont donc assigné le laboratoire en justice pour exiger le remboursement de ces derniers. Jusqu'à présent, le laboratoire a proposé 1 282 offres d'indemnisation aux patients, sans toutefois verser un centime.