« Arrête de te ronger les ongles », ont sans doute intimé tous les parents du monde à tous les enfants du monde. Une mauvaise habitude pourtant très commune, puisque d’après un sondage de 2008, c’est près d’un tiers des Français qui sont concernés. Et seulement un sur dix essaie d’arrêter…
Mais au fait, en quoi est-ce déconseillé ? D’après Margaret Parsons, professeur de dermatologie à l’université de Californie à Davis, le fait de se ronger les ongles abîme les cuticules et peut gêner la croissance de l’ongle, qui peut prendre une forme anormale.
Réservoir à bactéries
Au-delà des raisons esthétiques, l’habitude est surtout déconseillée car elle fait circuler les bactéries présentes sous les ongles et sur les doigts jusqu’à la bouche, et inversement. Or, le dessous des ongles abrite nombre de bactéries pathogènes, notamment fécales, qui peuvent être responsables de gastro-entérites ou d’infections plus graves.
Il suffit d’ailleurs de voir à quel point les griffures s’infectent facilement. À la fin des années 90, des épidémiologistes américains s’étaient penchés sur le cas de plusieurs infections bactériennes mortelles survenues à l’hôpital pour enfants d’Oklahoma City. Après avoir éliminé toutes les autres causes, les chercheurs avaient conclu à la probable responsabilité des ongles longs de deux infirmières.
Six conseils pour arrêter
Alors, pour qui souhaiterait en rester là avec l’onychophagie – le nom scientifique de cette manie –, voici quelques conseils de l’Académie de dermatologie américaine.
- Garder les ongles courts. Tout simplement parce qu’il y a moins à ronger.
- Appliquer du vernis amer sur ses ongles. Ce genre de vernis aisément accessible dans le commerce possède un goût que la plupart des gens trouvent effroyable.
- Pratiquer des manucures. Un conseil un peu étonnant mais de bon sens : qui voudrait se ronger les ongles après avoir payé pour une manucure ?
- Remplacer sa mauvaise habitude. Quand l’envie vous prend de vous ronger les ongles, vous pouvez par exemple choisir de malaxer une balle anti-stress.
- Identifier ses impulsions. L’ennui, le stress – au travail, notamment – sont des déclencheurs fréquents. Les identifier consciemment permet de trouver des façons de mieux les gérer.
- Procéder graduellement. Comme souvent, l’approche pas à pas peut s’avérer utile. On peut par exemple décider de laisser en paix ses pouces, avant d’étendre la censure aux autres doigts de la main…
Des sparadraps sur les doigts
Une autre astuce, mentionnée au Journal de la santé, consiste à s’appliquer à la base des ongles des sparadraps microporeux couleur chair, qui empêchent de se ronger les cuticules.
L’onychophagie peut parfois prendre des proportions inquiétantes, comme dans le cas rapporté par un tabloïd britannique de cet homme qui, à force de ronger ses ongles, a fini par contracter une septicémie fatale à l’âge de 40 ans. Ceci est bien sûr un cas extrême, mentionné à simple titre d’illustration. Il ne s’agirait pas d’ajouter du stress au stress…