Burger, frites, et boisson light. Un cocktail souvent choisi pour se disculper d’un petit écart alimentaire. A tort, si l’on en croit une étude parue dans le Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics. Bien loin de limiter l’apport en calories, les boissons light sont associées à une augmentation de la consommation d’aliments à faible valeur nutritionnelle.
L’auteur de cette publication, Ruopeng An, a observé en détail les réponses de 22 000 adultes américains au sondage national sur la santé et la nutrition. Chaque participant précise sur un questionnaire ce qu’il a consommé les deux jours précédents. Grâce à ces annotations, ce chercheur a pu distinguer 5 types de boissons : café, thé, alcool, boissons sucrées (sodas, jus de fruits…) et leurs équivalents allégés. Il a ensuite recensé les différents aliments qui ne sont pas nécessaires au fonctionnement de l’organisme, qui sont riches en énergie mais qui présentent un mauvais profil nutritionnel (biscuits, glace, chocolat, frites…).
Le café : boisson privilégiée
Plus de 90 % des Américains consomment chaque jour des aliments qui ne sont pas nécessaires au corps humain. En moyenne, 482 calories en proviennent. Mais les différentes boissons apportent elles aussi de l’énergie au corps humain, comme le montre le schéma ci-dessus.
Le café est la boisson la plus prisée des personnes interrogées (53 %), devant les boissons sucrées (43 %), le thé (26 %), l’alcool (26 %) et les boissons light (21 %). Et 4 Américains sur 10 combinent plusieurs de ces catégories au cours d’une journée standard.
Des variations dans la population
La boisson la plus populaire est aussi celle qui est associée à une consommation accrue de calories « solides ». En effet, les personnes qui privilégient café et boissons allégées sont celles qui mangent le plus d’aliments qui n’étaient pas nécessaires. Mais les profils varient selon les caractéristiques socio-économiques.
Les deux ethnies qui consomment le plus de calories ne boivent pas de la même façon : les Afro-américains préfèrent café et boissons light, les Hispaniques se tournent plutôt vers l’alcool.
On observe aussi des comportements radicalement différents selon le niveau de revenu : les plus riches mangent trop lorsqu’ils boivent light ou absorbent de l’alcool. Les plus pauvres le font lorsqu’ils consomment café ou boissons sucrées. Une constante ressort toutefois : ceux qui boivent sucré ou du café ont un mauvais profil nutritionnel.
Culpabilité ou libération ?
Trois hypothèses expliquent ce lien entre boisson et alimentation. « Il se peut que les personnes qui prennent des boissons light se sentent autorisées à manger plus, et prennent donc un muffin ou un sachet de chips, avance Ruopeng An. Il se peut aussi que, pour se sentir plus satisfaits, ils se sentent obligés de manger davantage de ces aliments à forte densité calorique. » La troisième option aborde la question sous un angle tout autre : les boissons light sont choisies par culpabilité. « C’est peut-être un, ou plusieurs, de ces mécanismes, résume Ruopeng An. Nous ne savons pas dans quel sens l’effet compensatoire évolue. »
La conclusion, elle, est sans équivoque : passer aux boissons light n’aide pas les gens à contrôler leur poids s’ils ne font pas attention à la quantité et à la qualité de leur alimentation. « Si les gens se contentent de substituer leurs boissons sucrées par des boissons light, cela n’aura probablement pas l’effet attendu, parce qu’ils mangent ces calories au lieu de les boire, établit Ruopeng An. Nous recommandons aux gens de surveiller attentivement l’apport calorique des boissons et des aliments non nécessaires, parce qu’ils ajoutent tous deux des calories – et certainement du poids – au corps. »