Les mutations génétiques affectant le virus Ebola semblent bloquer l’action des traitements à base d'anticorps, révèle une étude menée par des chercheurs de l’Armée américaine et publiée dans le journal Cell Reports. Des résultats qui peuvent avoir des répercussions sur le développement actuel et futur des médicaments.
Selon ces travaux, l’efficacité des « cocktails d’anticorps » censés neutraliser le virus Ebola est limitée par l’apparition de variants viraux résistants. A l’heure actuelle, il existe plusieurs options thérapeutiques. Le MB-003 efficace chez le singe, et le ZMAb n’ont encore jamais été testés chez l’homme. Ces deux formules ont, en revanche, permis l’élaboration du sérum ZMapp, un traitement expérimental toujours soumis à études mais d’ores et déjà utilisé chez des malades infectés par Ebola.
Des modifications permanentes
En examinant des singes morts de la fièvre hémorragique malgré l’administration de MB-003 un ou deux jours après l’infection, les scientifiques américains ont observé des modifications dans deux groupes de gènes, aussi appelés clusters. Plusieurs de ces modifications touchent des protéines virales justement ciblées par les traitements par anticorps.
Des analyses plus approfondies montrent que ces changements dans le génome du virus sont progressifs. Ils commencent par affecter une petite partie de la population virale avant de devenir permanents. Les virus possédant ces mutations évitent donc l’élimination et continuent à infecter l’organisme.
« Nos travaux mettent en évidence que peu de modifications suffisent pour bloquer l’action de plusieurs anticorps, commente Jeffrey Kugelman, un des auteurs de l’étude. Il est donc très important de déterminer quelles sont celles qui ont un impact direct sur la liaison avec l’anticorps. »
Multiplier les cibles
Pour les auteurs, ces résultats soulignent ainsi l’importance de cibler plusieurs protéines virales, soit différents sites de liaisons, pour optimiser l’efficacité des sérums. Ils mettent également en lumière la capacité et la rapidité du virus à muter pour échapper aux défenses immunitaires.
Depuis décembre 2013, plus de 28 000 cas confirmés, probables ou suspectés ont été rapportés en Guinée, Libéria et Sierra Leone. La fièvre hémorragique a provoqué la mort de 11 000 personnes, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.