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Coqueluche, rougeole, grippe

Parents pas vaccinés, enfants en danger

Par Raphaëlle Maruchitch

Chaque année, des nourrissons contractent des maladies graves au contact de leurs parents. En cause : leurs vaccins ne sont pas à jour. La vaccination pourrait pourtant être plus systématique.

DAMOURETTE/SIPA

En 2011, l’Institut national de veille sanitaire a relevé 76 cas de coqueluche (1) chez des bébés de moins de six mois. Quasiment tous ont été hospitalisés, dont près d’un tiers en réanimation. Pour 27 de ces bébés, l’infection bactérienne hautement contagieuse avait été contractée auprès… des parents.
Le Dr Hélène Milacic, médecin généraliste remplaçante dans un cabinet du XVIIIe arrondissement de Paris, a récemment diagnostiqué une coqueluche chez un nourrisson de 3 mois. « Les parents toussaient depuis plusieurs mois, mais ne s’étaient pas doutés un seul instant qu’ils avaient la coqueluche, raconte-t-elle. Leurs vaccins n’étaient pas à jour. » Conséquence : le bébé a passé deux mois à l’hôpital, en réanimation.

La coqueluche mais aussi la rougeole, la grippe ou la varicelle, sont des maladies graves pour les tout-petits qui ne bénéficient pas encore d’une couverture vaccinale. Les adultes qui sont en contact avec les nourrissons de 0 à 4 mois et dont les vaccins ne sont pas à jour représentent de fait une source de danger.
Les couples ayant un projet parental doivent se voir proposer une mise à jour de leur calendrier vaccinal. Vaccinés, les parents protègent aussi les enfants. C’est ce que l’on appelle la méthode du cocooning. Les vaccins de base qui protègent contre des maladies potentiellement très graves pour les bébés restent toutefois recommandés et non obligatoires. Mais en pratique, cette différence n’a « strictement aucune importance », explique le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue.


Ecoutez le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l’hôpital intercommunal de Créteil, expert pour Infovac : «  Il n’y a plus de vaccins obligatoires depuis 1960 pour des questions de législation, mais les vaccins recommandés ne sont pas pour autant moins importants que les vaccins obligatoires. »



La vaccination est un acte simple, que peu de patients refusent lorsqu’ils se la voient proposée. Comment expliquer que les adultes, parents ou futurs parents, n’aient pas leurs vaccins systématiquement à jour ? « Si le patient a été vacciné depuis plus de deux ans, il ne s’en rappelle plus », relève le Dr Robert Cohen. S’ajoute à cette donnée le fait que nombre d’entre eux ne possèdent plus ou ne tiennent pas à jour leur carnet de santé. Enfin, on compte aussi quelques patients qui refusent la vaccination. « J’ai l’occasion de voir des personnes anti-vaccins, notamment pour le BCG car c’est un vaccin qui laisse une marque », déplore le Dr Hélène Milacic.
Tenir à jour le calendrier vaccinal des parents et futurs parents pourrait cependant être amélioré, par le biais de consultations systématiques, par exemple, aujourd’hui trop peu pratiquées.

Ecoutez le Dr Robert Cohen : « Il n’y a pas assez de consultations systématiques pour les adultes, simplement pour s’assurer de la bonne santé du patient. »



En outre, « avoir les vaccins à disposition au cabinet serait une véritable avancée », reconnaît le Dr Robert Cohen. Car lorsque le médecin réalise la prescription vaccinale, le patient doit se procurer le vaccin en pharmacie puis revenir lors d’une nouvelle consultation pour l’administration. Un effort qui en décourage plus d’un.

Les patients doivent continuer à être responsabilisés, les médecins encouragés à être vigilants sur le sujet. « Lorsque l’on se vaccine, c’est pour se protéger soi-même mais aussi et surtout pour protéger les autres », rappelle le Dr Robert Cohen.

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1) L’efficacité du vaccin anti-coqueluche acellulaire diminue régulièrement dès les premières années après la dernière dose. C’est le résultat d’une étude américaine publiée par le New England Journal of Medicine. La durabilité de l’immunité, ici remise en cause, entrainerait une protection moins longue des sujets.



Le Dr Robert Cohen déclare prendre part en qualité d’investigateur principal, coordonnateur ou expérimentateur principal pour GSK et Pfizer. Il déclare également recevoir des versements substantiels au budget d’une institution dont il est responsable pour Pfizer, GSK, Sanofi Pasteur MSD et Novartis.