Les mouches, moustiques, cafards et autres nuisibles subissent souvent les attaques des humains désireux de s’en débarrasser à grands coups de bombes insecticides. Pourtant, si la cohabitation avec les insectes peut s’avérer problématique, leur destruction pose elle aussi de réelles questions de santé publique.
Souvent pointés du doigt dans l’agriculture, les insecticides domestiques sont au cœur des inquiétudes de l’Association Américaine de Pédiatrie. Dans sa revue, Pediatrics, des scientifiques de la Harvard T.H. Chan School of Public Health mettent en cause le rôle de ces pesticides dans l’émergence de cancers chez l’enfant.
Deux cancers semblent particulièrement visés : celui qui touche le système lymphatique (lymphome), et celui qui s’attaque au sang (leucémie). Le premier atteint en France 11 000 personnes chaque année. Il fait l’objet d’une Journée Mondiale ce mardi, qui vise à attirer l’attention sur l’augmentation de la prévalence de cette pathologie, notamment dans les pays développés.
Selon les chercheurs américains, l’exposition aux pesticides intérieurs serait associée un surrisque de lymphome de l’ordre de 43 %. Pour la leucémie, ce taux atteint 47 %. Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs des travaux ont passé en revue les résultats de 16 études sur la question.
« Le nombre de cancers pédiatriques augmente d’année en année aux Etats-Unis, et il existe des désaccords à propos des facteurs liés à cette hausse, expliquent les auteurs de l’étude. Cependant, les pesticides ont toujours été dans le viseur ».
Selon ces travaux, qui seront publiés dans la revue scientifique au début du mois d’octobre, les insecticides intérieurs sont d’autant plus nocifs qu’ils stagnent à l’intérieur du domicile. Même après l’aération des lieux, des résidus demeurent sur les surfaces et les enfants, notamment en bas âge, les ingèrent lorsqu’ils portent des objets ou leurs mains à leur bouche.
Des cancers pédiatriques dans une commune viticole
Cet été, l’InVS a publié un rapport sur un phénomène alarmant. A Preignac, petite commune girondine, un excès de cancers pédiatriques a été constaté dans une école primaire située au milieu des vignes du Sauternes.
Alors que les épandages ont lieu les jours d’école, parfois pendant les heures de récréation, le lien avec les pesticides n’a été ni établi, ni écarté par l’instance sanitaire. De fait, prouver la causalité entre l’exposition à ces substances et l’émergence de cancers est une tâche difficile, d’un point de vue scientifique. Par ailleurs, le sujet est délicat, dans une commune dont l’économie repose presque intégralement sur la viticulture.