Dépénaliser le cannabis ou l’interdire encore plus sévèrement ? Le débat autour du cannabis est sûrement l’un des plus clivants. D’un côté, les défenseurs de sa légalisation prennent pour exemple les Pays-Bas ou certains Etats américains, alors que les opposants mettent en avant le mauvais signal envoyé aux consommateurs, en particulier les plus jeunes. Mais dans les faits, quelles sont les conséquences de la légalisation ?
Aux Etats-Unis, une trentaine d’Etats autorise son usage thérapeutique depuis 20 ans, et 4 ont légalisé son utilisation récréative pour les moins de 21 ans (1). Et il apparaît que la consommation de cannabis parmi les lycéens américains est moins importante aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a 15 ans, selon une étude publiée dans le journal Drug and Alcohol Dependance.
Pour ces travaux, les chercheurs de l'école Bloomberg de santé publique de l'université Johns Hopkins ont analysé les données de santé de plus de 115 000 adolescents âgés de 15 à 18 ans collectées entre 1999 et 2013.
Des conclusions hâtives
Selon cette étude, en 1999, un garçon sur 2 et moins de 5 filles sur 10 ont déjà consommé du cannabis, alors qu’en 2013, les adolescents, filles comme garçons, n’étaient que 4 sur 10 à avoir déjà fumé du cannabis. Du côté de l’Hexagone, la tendance est inversée. En 2014, 47,8 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir fumé du cannabis au cours de leur vie contre 41,5 % en 2011, selon l’Office français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
« Beaucoup de personnes se sont empressées de dire que l’usage de marijuana n’allait pas cesser de croître après sa légalisation, relève Renee Johnson, professeur adjoint au département de santé mentale à l’école Bloomberg. Pourtant, depuis 1999 – 3 ans après que la consommation de cannabis thérapeutique ait été approuvée pour la première fois –, on observe que son usage a chuté chez les jeunes. Nous allons maintenant regarder si l’utilisation de marijuana a augmenté dans les Etats autorisant son usage récréatif. »
Accentuer la sensibilisation
Malgré cette diminution du nombre de fumeurs de cannabis, la chercheuse juge toutefois qu’il est temps de promouvoir des programmes de sensibilisation aux dangers du cannabis, comme ils existent pour l’alcool et le tabac. « Nous avons fait un très bon travail concernant la prévention du tabac et de l’alcool chez les jeunes, mais nous n’avons pas fait de même avec le cannabis. Nous serions bien avisés de suivre les leçons tirées de ces campagnes menées avec succès », explique-t-elle.
De fait, les Etats-Unis n’ont jamais recensé aussi peu de fumeurs. Selon les données du Centre national des statistiques de santé, la proportion de fumeurs est passée de 24,7 % en 1997 à 15,2 % en janvier-mars 2015. Ainsi, 36,7 millions d'adultes américains fumeraient actuellement du tabac. La France, quant à elle, compte environ 29 % de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans, soit près de 13 millions de fumeurs réguliers, selon l’OFDT.
(1) Colorado, Oregon, Alaska, Washington et le Washington DC, la capitale américaine.