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Surtout les filles

Tabagisme : les ados imitent leurs parents

Par Anne-Laure Lebrun

Le tabagisme des parents influence celui de leurs enfants. Ces derniers sont 3 fois plus susceptibles de griller leur première cigarette si leurs parents fument.

POUZET/SIPA

Les adolescents sont plus enclins à fumer et être dépendants à la nicotine si leurs parents sont fumeurs, relève une étude américaine qui précise que les filles sont plus influencées par le comportement parental.

Ces travaux publiés dans la revue American Journal of Public Health s’appuient sur des donnés collectées entre 2004 et 2012 auprès de 35 000 paires parents-adolescents. Grâce à ces informations, les chercheurs du Centre médical de l’université de Columbia et de l’institut de psychiatrie de l’Etat de New York ont pu évaluer leur dépendance à la nicotine et leur consommation de tabac. En parallèle, ils les ont interrogés sur leur perception des risques du tabagisme, la consommation de drogues et d'alcool chez les adolescents, le soutien parental ou encore la qualité de leur relation.

Garçons et filles ne sont pas égaux

Les auteurs ont alors découvert que seulement 13 % des adolescents de parents non-fumeurs déclarent avoir déjà fumé au moins une cigarette. A l’inverse, près de 40 % d’adolescents de parents dépendant à la nicotine ont déjà allumé leur première cigarette.

En outre, avoir des parents fumeurs aurait aussi un impact sur la dépendance des ados à la nicotine. En effet, parmi les fumeurs, ceux dont les parents sont non-fumeurs ne sont que 5 % à être accros à la nicotine, contre 15 % pour ceux dont un parent est lui-aussi dépendant.

Globalement, les adolescents sont 3 fois plus susceptibles de griller leur première cigarette et près de 2 fois plus enclins à être dépendants à la nicotine si leurs parents le sont également. Cependant, les filles semblent plus influencées par le comportement parental, notamment maternel. Elles sont 4 fois plus prédisposées à être dépendantes à la nicotine si leur mère l’est aussi. Cette association n’est pas retrouvée si le père fume. Elle n’est pas non plus observée chez les garçons.

Une piste génétique

Pour ces travaux, les chercheurs n’ont pas examiné le lien entre le tabagisme des deux parents et celui des adolescents. Ils n’ont pas non plus pris en compte la sensibilisation des jeunes fumeurs aux dangers du tabac, l’influence de l’entourage, en particulier des amis ou encore l’usage de cannabis.

Les chercheurs soulignent par ailleurs que les adolescents imitent le comportement de leurs parents même lorsque ces derniers sont des ex-fumeurs. Arrêter de fumer n’éliminerait donc pas le risque de dépendance au tabac pour les enfants. Pour les auteurs, une piste génétique pourrait donc expliquer en partie « la transmission intergénérationnelle de la dépendance ».

« La plupart des fumeurs commencent à fumer lorsqu’ils sont adolescents. Comme l’illustre cette étude, les parents ont une forte influence sur les enfants, relève Denise Kandel, professeur à l’université de Columbia et responsable des travaux. Pour éviter que les jeunes commencent à fumer et deviennent accros au tabac, nous devons mieux aider les parents à décrocher ».