La résistance aux antibiotiques est une menace bien réelle. Pour lutter contre un usage excessif, des chercheurs britanniques ont développé un outil de séquençage de l’ADN. Il permet de repérer rapidement les bactéries à l’origine des infections urinaires et d’identifier les cas de résistance. Les premiers résultats sont présentés au Congrès de la Société américaine de microbiologie, qui se tient à San Diego (Californie, Etats-Unis), du 17 au 21 septembre.
Le problème du sur-traitement
« Les infections urinaires sont une des causes majeures de prescription d’antibiotiques, explique le Pr David Livermore, co-présentateur de l’étude. La plupart du temps, elles sont modérées et ne touchent que les parties inférieures de l’appareil urinaire, mais certaines sont plus inquiétantes. » Dans ce dernier cas, traiter vite est important pour éviter une propagation de l’infection dans le sang.
Mais les tests en laboratoire demandent une à deux journées de culture des bactéries. Dans cet intervalle, une approche massive est adoptée : les patients reçoivent des antibiotiques de spectre large, à des doses élevées. Dans un second temps, le traitement est affiné. « Cela signifie que certains patients sont sur-traités, ce qui contribue au problème de l’antibiorésistance. Mais cela signifie aussi qu’un nombre croissant de patients avec des bactéries résistantes à un large éventail de médicaments est sous-traité. Cela peut être mortel », déplore le Pr Livermore.
Mieux gérer les stocks
L’outil développé par l’équipe de l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) fait la taille d’une clé USB. Mais il détecte les bactéries 4 fois plus rapidement que son équivalent en laboratoire. La raison est simple : il ne réalise pas de culture des bactéries, mais examine directement l’échantillon urinaire.
« Des résultats aussi rapides vont permettre d’affiner le traitement des patients bien plus tôt ; c’est bénéfique pour le patient, qui reçoit le bon antibiotique, et pour la société, qui peut mieux gérer ses stocks limités d’antibiotiques », estime le Dr Justin O’Grady, qui présente les résultats.
La précision de l’outil doit encore être affinée. Pour le moment, seules les infections les plus lourdes peuvent être détectées. Les chercheurs souhaitent aussi améliorer la prédiction des mutations bactériennes qui peuvent aboutir à une résistance.