Les Français des départements d’outre-mer boivent et fument moins que les habitants de la métropole. C’est ce qui ressort du Baromètre santé DOM 2014. Pour la première fois, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes) s’est penché sur les comportements et les opinions des résidents de Guyane, Martinique, Guadeloupe et Réunion. Plus de 8 000 personnes (15-75 ans), parlant français ou créole, ont répondu par téléphone entre avril et novembre 2014. Avec ces résultats, l’Inpes espère mieux comprendre les inégalités sociales de santé.
Moins de cigarettes et d’alcool
« Certains comportements déclarés en santé sont plus favorables dans les DOM », explique l’Inpes en préambule. En effet, la consommation d’alcool, de tabac ou de drogue est inférieure à celle de la métropole dans les 4 départements interrogés. Les Martiniquais sont presque deux fois moins nombreux à fumer tous les jours que leurs pairs métropolitains.
Côté alcool aussi les habitants des DOM se montrent plus raisonnables que ceux du vieux continent. Alors que la France métropolitaine compte 48 % de buveurs hebdomadaires, les quatre départements en dénombrent 35 %. Ils comptent aussi deux fois moins de personnes consommant de l’alcool tous les jours.
« Ces différences peuvent s’expliquer par une consommation bien moins importante de vin dans les DOM, analyse l’Inpes. A l’inverse, les autres types d’alcool (bières ou alcools forts) sont plus fréquemment consommés quotidiennement : de 3 % à La Réunion à 4 % en Martinique contre 2 % dans l’Hexagone. » C’est pour cela que l’alcool reste un problème de santé publique dans ces départements.
Moins déprimés mais en moins bonne santé
Les drogues circulent moins dans les DOM qu’en métropole, qu’elles soient dures ou douces. La cocaïne est particulièrement rare.
Si les habitants des DOM consomment beaucoup moins de psychotropes que les métropolitains (18 à 25 % contre 35 %), la vie n’est pas forcément plus douce. Lorsqu’on leur demande s’ils se sentent en mauvaise, bonne ou très bonne santé, les seconds se montrent beaucoup plus positifs. Un déséquilibre qui s’explique sans doute par la forte prévalence des maladies chroniques et la plus forte mortalité prématurée.
Un mauvais mode de vie
En Martinique, 38 % de la population est atteinte d’une maladie chronique ou durable – contre 34 % dans l’Hexagone. Diabète et hypertension artérielle sont particulièrement présents dans les DOM. A La Réunion, ces deux maladies sont deux fois plus fréquentes. Ce n’est pas faute de soins médicaux : les habitants de l’île Bourbon vont plus souvent chez le médecin que leurs pairs continentaux.
Le mode de vie, en revanche, peut être mis en cause. La surmortalité des Réunionnais s’explique en grande partie par le diabète, l’asthme et les conséquences de l’alcoolisme. L’Inpes note aussi un mauvais recours au dépistage du cancer, peu d’activité physique et une forte présence de l’obésité, presque deux fois plus fréquente qu’en métropole.
C’est pourtant dans les DOM que l’on s'estime le mieux informé sur les thématiques de santé comme la vaccination, l’alcool ou le diabète. Même si information et adhésion ne sont pas toujours synonymes : 76 % des Martiniquais adhèrent à la vaccination, contre 80 % des métropolitains.