Voilà qui aurait donné du fil à retordre à Freud : certaines personnes affirment ne jamais se souvenir de leurs aventures oniriques. S’intéressant à ce phénomène, une équipe de chercheurs de l’Inserm a pourtant démontré que tout le monde rêve, sans exception, même si certains n’en ont pas toujours conscience.
Mouvements pendant le sommeil
Le Pr Isabelle Arnulf, à l’origine de ces découvertes, a mené ses travaux sur des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
Celles-ci sont souvent sujettes à des mouvements, voire à des paroles lâchées pendant le sommeil. Observer de tels comportements permet aux chercheurs de s'assurer que les personnes sont bien en train de rêver, même lorsqu'elles n'en ont aucun souvenir.
« Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson vivent souvent leurs rêves. Le verrou qui bloque les fonctions physiques et sépare les pensées des actes saute, de sorte qu’elles miment des scènes de leurs rêves. Or, même les patients qui ne se rappellent jamais de leurs rêves ont ce comportement onirique pendant la nuit », affirme ainsi la chercheuse.
Un problème d’encodage
Les songes interviennent pendant la phase paradoxale du sommeil. 80 % des personnes qui se réveillent à ce moment de la nuit disent se souvenir du contenu de leurs rêves. Si le réveil intervient à un autre moment du sommeil, seules 50 à 75 % des personnes sont capables de les raconter.
Néanmoins, le fait de s’en souvenir n’est pas dû à des différences de capacité de mémorisation, puisque les patients étudiés par le Pr Arnulf obtiennent des résultats similaires aux tests de mémoire, et présentent le même profil cognitif.
La différence pourrait plutôt s’expliquer par un problème d’encodage, c’est-à-dire d’enregistrement du souvenir, dans la mémoire. Autrement dit, ce n’est pas parce qu’elles ont une moins bonne mémoire que certaines personnes ne se souviennent pas de leurs rêves, mais parce qu’elles n’ont tout simplement pas réussi à en enregistrer le souvenir.