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Lutter contre l'antibiorésistance

Antibiotiques : limiter la prescription initiale à 7 jours

Par Anne-Laure Lebrun

Pour préserver l’efficacité des antibiotiques, un rapport recommande de limiter à 7 jours la prescription initiale. Il évoque aussi la délivrance d'une ordonnance de non-prescription. 

RHENANIE DU NORD WESTTPHA

La France consomme trop d’antibiotiques. Alors que leur utilisation a diminué au cours des années 2000, elle connaît un nouveau rebond depuis 5 ans. Trop prescrits, en ville comme à l’hôpital, les antibiotiques ne sont plus efficaces. Et l’apparition de résistances bactériennes est loin d’être sans conséquence. Chaque année, près de 160 000 patients contractent une infection par un germe multirésistant et 12 500 en meurent.

 

Face à ces impasses thérapeutiques, de nombreuses actions ont été prises, tant au niveau national, européen qu'international. En France, le plan d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016 a par exemple fixé comme objectif de réduire de 25 % la consommation d’antibiotiques. Mais force est de constater que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour y arriver. Des idées nouvelles aussi.

C’était justement la mission confiée au Dr Jean Carlet, coordinateur du rapport sur la préservation des antibiotiques remis ce mercredi à la ministre de la Santé. Articulé autour de 4 axes majeurs, le rapport propose plusieurs pistes concrètes.

Limiter la durée de traitement à 7 jours

Parmi elles, le groupe d’experts recommande de limiter à 7 jours la première prescription d’antibiotiques. Cette mesure modifierait donc les recommandations actuelles qui conseillent aux médecins de prescrire des antibiotiques entre 7 et 10 jours. Cette proposition semble surtout cibler la médecine de ville, où la majorité des infections ne nécessitent pas plus d’une semaine d’antibiothérapie, selon les experts.
Dans le cas où l’infection nécessite plus de 7 jours de traitement, le patient devra retourner voir son médecin. Et pour obtenir ses boîtes supplémentaires de médicaments chez le pharmacien, il devra présenter les 2 ordonnances. « Si la prescription initiale excéde 7 jours, le pharmacien ne serait pas habilité à délivrer plus de 7 jours de traitement », précisent les auteurs du rapport. Sans conteste, cette mesure vise à rationaliser les prescriptions afin de réduire la consommation de ces médicaments. 

Sensibiliser davantage les patients

Par ailleurs, la prescription d’antibiotiques pourrait devenir un acte particulier et spécifique. Le groupe de travail sur le bon usage des antibiotiques propose en effet qu’une ordonnance pré-remplie soit délivrée aux patients. Celle–ci « arborera des messages éducatifs sur le bon usage des antibiotiques et la résistance bactérienne, notamment en matière d’observance du traitement et de recyclage des antibiotiques non utilisés », expliquent les auteurs.

Les experts indiquent également que la vente à l'unité, testée dans 4 départements français depuis avril 2014, pourrait être généralisée à l'Hexagone si les résultats escomptés étaient obtenus. Dans la même veine que le programme « Les antibiotiques, c’est pas automatique », les auteurs du rapport soulignent qu'une campagne de sensibilisation à l'antibiorésistance et aux dangers de l'automédicamention pourrait également être mise en œuvre. 

Une ordonnance de non-prescription

Le groupe de travail propose également d’améliorer le dialogue entre le médecin et le patient sur l’antibiorésistance. Il préconise ainsi qu’une « ordonnance de non prescription » soit remise aux patients atteints d’une infection virale, qui ne nécessite donc pas d’antibiotiques.
« Il s’agit d’une fiche d’information, présentée sous la forme d’un carnet d’ordonnances ou éditable sur un logiciel métier, sur laquelle sont expliquées les raisons pour lesquelles le professionnel de santé ne prescrit pas d’antibiotiques », expliquent les auteurs. Pour ces derniers, cette démarche d’accompagnement doit responsabiliser le patient.