Un véritable cercle vicieux est à l’origine de certaines formes d’obésité. 600 000 millions de personnes sont touchées par cette maladie chronique. Une partie d’entre elles souffre d’un manque de contrôle face à l’alimentation. A l’origine de ce trouble, un dysfonctionnement de certains circuits cérébraux. Ce mécanisme, mis en évidence chez la souris, est décrit dans la revue en libre accès Heliyon.
La régulation de l’insuline
Les rongeurs utilisés dans l’étude ont été modifiés génétiquement, de façon à perturber le fonctionnement d’un complexe d’enzymes dans le cerveau (mTORC2). Il est impliqué dans un circuit de signalisation de l’insuline. Si les chercheurs ciblent ce mécanisme, c’est pour une raison bien précise : ils supposent que ces enzymes, en plus de réguler l’insuline, influenceraient la consommation d’aliments gras.
« Nous avons toujours été frappés par la façon dont beaucoup d’animaux – et certaines personnes – vont consommer à l’excès des aliments goûteux et riches en graisse, explique le Dr Aurelio Galli, qui co-signe cette publication. Un régime gras pousse les gens à manger plus, ce qui finit par affecter la capacité des personnes obèses à contrôler leur apport en calories, à perdre du poids et à maintenir cette perte de poids. »
Déséquilibre entre dépense et consommation
Il a déjà été démontré que l’obésité est la conséquence d’une perturbation du système nerveux central : le corps devient incapable de faire correspondre les apports et les dépenses énergétiques.
Mais le mécanisme mis en évidence dans cette étude est encore plus complexe : la voie de signalisation de l’insuline détermine quelle quantité d’aliments gras nous pouvons consommer. Quand elle est déréglée, il devient possible de manger plus gras que nécessaire. Les souris placées face à des aliments riches en graisse développent donc une hyperphagie. Ce n’est pas le cas face à des aliments pauvres en lipides. Un phénomène qui suggère la formation d’un cercle vicieux : le gras appelle le gras.
« Ce système peut être détourné par ces mêmes aliments qu’il est censé contrôler. Manger sucré ou gras semble agréable, mais cela cause aussi des changements dans les aires du cerveau impliquées dans le contrôle de l’alimentation, en causant par exemple une résistance à l’insuline », résume Aurelio Galli.