Essai transformé ! Que ce soit du côté des immunothérapies ou des thérapies ciblées, les données présentées au Congrès européen de cancérologie, qui se déroule du 26 au 29 septembre à Vienne, confirment les espoirs soulevés ces derniers mois. Les oncologues se félicitent de ces avancées sans précédent dans le traitement du mélanome avancé, un cancer pour lequel le pronostic était jusqu’ici très mauvais.
Associer pour mieux traiter
Les oncologues sont venus à Vienne avec de bonnes nouvelles pour les patients touchés par un mélanome métastatique. Les essais cliniques continuent de fournir de bons résultats : grâce aux nouvelles molécules, testées en association, la survie globale de ces patients augmente.
Le Pr Caroline Robert, oncologue à l’Institut Gustave-Roussy (Paris), a présenté les résultats d’un essai portant sur les thérapies ciblées. Depuis 2012, 700 patients testent l’efficacité du combo dabrafenib-trametinib et celle du vemurafenib. Rapidement, l’association avait montré sa supériorité sur la monothérapie en terme de survie globale.
Des résultats qui se sont confirmés au fil des mois. « La survie globale obtenue avec cette association [25,6 mois en moyenne, NDLR] est la plus longue jamais obtenue sur ce type de patients », a souligné Caroline Robert. Ceux dont le pronostic était le meilleur – qui ont un « LDH » bas – sont ceux pour qui le bénéfice est le plus marqué : « 66 % de ces patients sont en vie après 2 ans », s’est félicitée l'oncologue.
Qualité de vie améliorée
Les patients sont aussi plus nombreux à répondre à l’association des deux molécules, et surtout, ils répondent plus longtemps : le traitement reste efficace plus de 13 mois en moyenne, contre 8,5 pour la monothérapie. « Il n’y a pas de toxicité supplémentaire quand on associe deux thérapies ciblées », a précisé le Pr Robert, qui a également mené des travaux sur la qualité de vie des patients.
« C’est un paramètre toujours très complexe à évaluer, mais nos résultats sont sans appel : les patients, quel que soit le stade de progression du cancer, rapportent une meilleure qualité de vie avec l’association », a expliqué l’oncologue.
Au vu de ces résultats, l'Agence européenne du médicament a autorisé mi-septembre l'utilisation de l'association dabrafenib-trametinib pour les patients atteints d'un mélanome malin métastatique, non opérable, et porteur d’une mutation BRAF.
Les immunothérapies aussi
Les thérapies ciblées ne sont pas les seuls outils qui ont rejoint récemment l’arsenal thérapeutique des onco-dermatologues. Nivolumab et ipilimumab, anticorps anti-PDL1 et anti-CTL4, ont eux aussi apporté des résultats très encourageants ces derniers mois. Ces immunothérapies ont beaucoup fait parler d’elles, à tel point que « certains patients nous disent : je veux une immunothérapie », relate Caroline Robert. « Mais nous ne sommes pas là pour traiter les patients avec une molécule, nous sommes là pour les traiter tout court ! », insiste la spécialiste. A l'oncologue donc de choisir l'option la plus adaptée à chaque patient.
Alors qu’il y a un encore quelques années, les oncologues étaient démunis face à cette forme agressive de mélanome, auraient-ils aujourd’hui l’embarras du choix ? « Les thérapies ciblées démontrent des résultats quasi équivalents à ceux des immunothérapies, souligne Caroline Robert. Mais il est clair qu’il faut maintenant lancer des essais pour comparer de manière prospective ces deux approches. » Des études de ce type ne devraient pas tarder à être lancées. D’autres ont déjà démarré pour étudier les bénéfices des associations entre thérapies ciblées et... immunothérapies !
Notre dossier sur le mélanome :