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Crise cardiaque : adapter le traitement au patient

Par Philippe Berrebi

La pilule va être difficile à avaler pour tous les médecins qui se battent quotidiennement pour lutter contre l’inobservance thérapeutique de leurs patients. Il est vrai que le mésusage des médicaments ou l’arrêt brutal d’un traitement conduisent bien souvent à des échecs, ou pire, à des complications de l’état des malades.

Or, une étude révèle que des personnes ayant eu une crise cardiaque ont un taux de survie de 20 à 25 % plus élevé en prenant seulement un quart de la dose recommandée de leurs médicaments.
Publiée dans le Journal of the American College of Cardiology et relayée par l’AFP, cette analyse est issue de données portant sur 6 682 victimes d’un crise cardiaque dont la quasi totalité (90 %) a été traitée avec des doses différentes de bêta-bloquants. Cette classe thérapeutique réduit l’arythmie cardiaque et protège le cœur contre de nouvelles défaillances. Les doses prescrites varient en fonction de plusieurs facteurs comme les effets secondaires, les risques de fatigue ou de dysfonction érectile.

C’est donc de manière fortuite que les chercheurs ont fait un constat étonnant. « Nous nous attendions à voir les malades traités avec les plus faibles doses de bêta-bloquants avoir les plus faibles chances de survie et nous avons été totalement surpris de constater exactement le contraire », confirme le principal auteur de cette étude, Jeffrey Goldberger, professeur de cardiologie (Université Northwestern). 9,5 % des patients ayant pris le quart de la dose recommandée sont décédés dans les deux ans après leur crise cardiaque contre 14,7 % dans le groupe qui a respecté la dose normale.

Pour autant, les chercheurs n’en tirent pas de conclusion hâtive, mais la conviction qu’il n’existe pas de « dose idéale unique ». Elle doit être appréciée en fonction du profil du patient. « La même dose ne peut certainement pas avoir les mêmes effets sur un patient frêle de 80 ans qui fait une petite attaque cardiaque que sur un homme de 40 ans dans la force de l'âge terrassé par une crise cardiaque massive », résume le spécialiste.