Depuis quelques mois, les immunothérapies ont le vent en poupe. Ces traitements, qui reposent sur l'utilisation d'anticorps monoclonaux, ont fourni des résultats sans précédent dans des formes de cancers avancés, où souvent les patients étaient en échec thérapeutique.
A l'occasion du Congrès européen de cancérologie (25 au 29 septembre, Vienne, Autriche), Pourquoidocteur fait le point avec Nicolas Meyer, onco-dermatologue à l'Insitut universitaire de cancérologie de Toulouse.
Efficacité transversale
Pendant longtemps, les traitements anticancéreux ont ciblé la tumeur elle-même. Les immunothérapies visent, elles, à rendre au système immunitaire sa capacité à combattre les cellules cancéreuses. Avantage : une même molécule peut être effiace dans des types de cancers aussi différents que ceux du poumon, du rein ou de la peau.
« Le système immunitaire a pour rôle d'empêcher la survenue de tous les cancers, donc si nous sommes capables de le stimuler, on peut imaginer que cela fonctionne pour tous les cancers », explique Nicolas Meyer. Cependant, les choses ne sont pas si simples : « On s'aperçoit que certains cancers répondent moins bien que d'autres », poursuit le spécialiste. Ce sont en fait les tumeurs qui présentent le plus de mutations, qui s'avèrent les plus sensibles à ces traitements, le cancer du poumon et le mélanome notamment.
Trouver les bons patients
Les taux de réponse à ces immunothérapies sont, dans la plupart des cas, bien supérieurs à ceux observés avec les traitements standards. Cependant, parvenir à repérer le plus tôt possible les patients qui bénéficieront le plus de ces molécules, les « répondeurs », est un enjeu majeur. Mais pour l'heure, il n'existe pas de biomarqueur qui permette de prédire la réponse des patients. « C'est en partie dû au fait que nous avons une connaissance des mécanismes d'action de ces molécules encore parcellaire », justifie Nicolas Meyer.
Durée de traitement à définir
Combien de temps est-il nécessaire de traiter avec une immunothérapie ? La question reste débattue, et certains spécialistes n'hésitent pas à dire que les essais cliniques devraient évaluer différentes durées de traitement. C'est le cas du Pr Martine Piccart, présidente de l'ECCO, qui dénonce : « Il n'y actuellement pas de rationnel pour traiter les patients pendant un an ou plus, puisque nous n'avons aucune donnée sur des durées plus courtes. Nous avons demandé aux industriels de prévoir dans leurs études des groupes avec des traitements moins longs, mais nous avons essuyé des refus systématiques ».
Outre la nécessité de ne pas surtraiter les patients, trouver la durée minimale efficace est fondamental pour ces traitements dont le coût peut sembler très important : 10 000 euros par mois, voire plus.
Un bon accès en France
Plusieurs immunothérapies font déjà l'objet d'autorisation en France, pour le traitement du mélanome notamment. « Les premières générations d'immunothérapies sont disponibles depuis déjà cinq ans, précise Nicolas Meyer. Et les dernières générations bénéficient d'une autorisation temporaire d'utilisation, elles sont donc utilisées depuis environ une année dans tous les centres français de prise en charge du mélanome ».