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QUESTION D'ACTU

Absentéisme, dépenses, activité

Les hôpitaux de Marseille sévèrement épinglés par l'IGAS

Un rapport de l’IGAS pointe un dérapage dans les finances de l’AP-HM, dont le déficit devrait s’élever à 57 millions d’euros pour 2014.

Les hôpitaux de Marseille sévèrement épinglés par l'IGAS PATRICE MAGNIEN/20 MINUTE/SIPA




Décidément, l’AP-HM traverse des heures sombres. Un an après la publication d’un rapport accablant sur la situation des hôpitaux publics de Marseille, l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) récidive, avec un compte-rendu non moins tendre.
Les auteurs de ce nouveau rapport, commandé en avril 2015 par Marisol Touraine, font le point sur l’évolution de la situation financière de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, troisième CHU de France. « Les exercices 2013 et 2014 ont vu la situation financière de l’AP-HM déjà dégradée, se détériorer encore », observent-ils.

Plusieurs facteurs semblent expliquer cette situation. Deux vastes chantiers ont été lancés depuis plusieurs années et représentent un gouffre financier. Le premier, la plateforme logistique (PFL) de l’AP-HM, a commencé en 2010. Il regroupe sur un seul terrain la majorité des fonctions logistiques de l’AP-HM. Le second, le Bâtiment Médico-Technique de la Timone, étalé sur 50 000 m2, accueille déjà plusieurs services.

Ces deux chantiers ont largement concouru à creuser le déficit structurel de l’AP-HM, qui devrait s’élever à 57 millions d’euros pour 2014, selon les estimations des inspecteurs de l’IGAS. Si ces prévisions s’avèrent justes, le déficit aura doublé entre 2012 et 2013.

Activité stagnante, effectifs en hausse

Et les chantiers n’en sont pas la seule cause. Parmi les autres facteurs qui minent les comptes de l’AP-HM, l’IGAS cite la stagnation de l’activité et l’augmentation des effectifs. En effet, « les coûts [générés par les chantiers] auraient dû être compensés par des suppressions de postes prévues dans le plan de financement d’origine, expliquent les auteurs du rapport. Or, ces suppressions n’ont pas eu lieu à hauteur de ce qui était prévu, et des créations sont même intervenues dans les services de soins lors de la mise en fonctionnement de la PFL ».

Par ailleurs, un absentéisme récurrent, soulevé dans le précédent rapport, a mené l’AP-HM à constituer des pools de remplacement. Ces créations de poste devaient être compensées par la diminution des dépenses d’heures supplémentaires et d’intérim.

« Outre que la simultanéité des baisses de ces charges et de la mise en place des pools n’est pas constatée, l’opportunité de procéder ainsi peut être interrogée ».

Une institution "incapable d'investir"

En effet, selon les inspecteurs, « cet aspect de gestion des ressources humaines aurait dû s’intégrer dans une réflexion d’ensemble : recherche d’un retour à un niveau d’absentéisme dans la moyenne des CHU, organisation des temps d’activité dans les unités de soin (fermeture d’unités les fins de semaine par exemple) ».

La stagnation de l’activité, elle, entraîne « un niveau de recettes insuffisant ». « La situation de l’AP-HM est sur ce plan atypique par rapport aux autres CHU dont la hausse d’activité moyenne entre 2013 et 2014 s’est élevée à 2,6 %. Il apparaît essentiel que l’AP-HM définisse une politique volontariste et structurée de consolidation de parts de marché : meilleure organisation des parcours de soins, qualité de l’accueil des patients et de leurs proches, qualité de la communication avec les médecins traitants…

Au final, l’IGAS décrit une institution en crise, « incapable de lancer de nouveaux investissements d’ampleur (maternité, mise aux normes incendie) ». Les conclusions de ce compte-rendu sont censés servir de base à l’élaboration de la lettre de mission de la nouvelle directrice générale, qui a pris ses fonctions en avril 2015 après la démission en forme de limogeage de son prédécesseur, Jean-Jacques Romatet.

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