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Prévention et traitement précoce

Sida : l’OMS veut élargir l’accès aux antirétroviraux

Par Audrey Vaugrente

Prendre en charge le Sida plus tôt et prévenir avec des antirétroviraux : ce sont les deux principales orientations des recommandations de l'OMS sur l'utilisation de la trithérapie.

SIPANY/SIPA

Traiter tout le monde, tout de suite. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) veut élargir la prescription de traitements antirétroviraux. Dans ses nouvelles recommandations, l’agence sanitaire de l’ONU tient compte des dernières évolutions dans la prise en charge du VIH… Une décision très attendue par le milieu médical.

Antirétroviraux pour tous

« Toute personne infectée par le VIH devrait commencer un traitement antirétroviral aussi tôt que possible après le diagnostic. » Désormais, les séropositifs pourront bénéficier d’une prise en charge avant même que le virus n’ait attaqué leurs défenses immunitaires. Jusqu’ici, l’OMS préconisait de commencer la trithérapie lorsque la concentration de lymphocytes T CD4+ était basse (moins de 500 cellules/mm3). Une position datée que ne suivaient plus de nombreux pays développés, dont la France.

Les résultats des essais américains (START) et français (Temprano) ont fini par convaincre les cadres de l’Organisation. Il faut dire que l’impact sur les infections opportunistes est considérable : non seulement cette stratégie réduit de 72 % les événements graves liés au sida, mais elle permet en plus de diminuer les maladies qui n’y sont pas associées (-44 %).

PrEP pour les personnes à risque

L’autre bonne nouvelle, c’est que l’OMS élargit aussi les conditions d’accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP), comme le réclamaient les experts du domaine. Toute personne à risque « substantiel » de contamination devrait accéder au Truvada. « La PrEP doit être considérée comme une possibilité de prévention complémentaire, s’appuyant sur un ensemble de services comme le dépistage du VIH, le conseil et l’accompagnement, mais aussi l’accès aux préservatifs et à un matériel d’injection sécurisé », signale toutefois l’Organisation.

« Ces recommandations arrivent à un moment opportun et vont faciliter l’accès des populations les plus pauvres et les plus vulnérables aux meilleurs traitements et services que la science moderne puisse offrir, et ils sont déjà disponibles dans les pays les plus riches », se félicite Lelio Marmor, Directeur général d’Unitaid. Selon les estimations de cette organisation, cette mise à jour devrait éviter 21 millions de décès liés au sida et 28 millions de nouvelles infections d’ici 2030.

2030 : un monde sans sida

« Etendre l’accès aux traitements est au cœur des nouveaux objectifs pour 2020, dans le but de mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030 », précise l’OMS dans un communiqué. Une cible qui intègre 90 % des séropositifs au courant de leur infection, 90 % de ceux sous antirétroviraux, et parmi cette population, 90 % de ceux dont la charge virale n’est plus détectable. Avec ces recommandations, c’est une population de 37 millions de personnes qui pourra accéder aux trithérapies.

Mais bien entendu, l’accès aux antirétroviraux ne se fera pas sous n’importe quelles conditions. Chaque pays doit d’abord s’assurer que dépistage et traitement sont disponibles pour chacun, mais surtout que les patients pris en charge sont incités à l’observance et ne sortiront pas du système de soins. C’est là la plus grosse difficulté.