C’est ce qu’on appelle communément la double peine. Les personnes atteintes de psoriasis ne souffrent pas que sur le plan physique. Cette maladie de peau chronique a aussi un poids psychologique. C’est même un facteur de risque majeur de dépression, selon une étude parue dans le JAMA Dermatology.
Des plaques rouges, recouvertes de croûtes : le psoriasis est une maladie à l’aspect désagréable. Il est même souvent pris pour un manque d’hygiène par le grand public. Ces discriminations impactent directement la santé mentale des malades. Une équipe de l’école de médecine de l’université de New York (Etats-Unis) l’a démontré grâce au suivi de 12 382 personnes représentatives de la population américaine.
La perception affecte l’esprit
2,8 % des participants étaient atteints de psoriasis, et 7,8 % souffraient de dépression. La part de dépressifs est plus importante chez les patients psoriasiques : ils sont 16,5 % à en présenter les symptômes. Ils sont aussi légèrement plus nombreux à avoir des pensées suicidaires. « Dans cette étude, le psoriasis est la seule maladie associée de manière significative aux idées suicidaires, et la majorité les attribuaient directement à leur psoriasis », précisent les auteurs.
La survenue d’une dépression ne dépend pas des symptômes eux-mêmes, mais plutôt de la perception qu’en ont les malades. « Le poids psychologique du psoriasis peut être lié de manière plus étroite à la perception qu’ont les patients de la réaction sociale face à leur apparence qu’à la sévérité objective de la maladie », écrivent-ils. Ce qui pourrait expliquer pourquoi la dépression a plus d’impact sur la qualité de vie des participants psoriasiques. 24 % d’entre eux considèrent que leur mal-être cause une limitation fonctionnelle quotidienne. Chez les patients en bonne santé physique, ils n’étaient que 15 % à penser la même chose.
Un anticorps monoclonal réduit les symptômes
Un traitement très efficace du psoriasis vient de livrer ses résultats. Deux essais cliniques de phase 3, publiée dans le New England Journal of Medicine, conclut que l’anticorps monoclonal brodalumab permet une réduction de 100 % des symptômes. Ce médicament bloque une protéine impliquée dans la réaction immunitaire à l’origine des réactions cutanées, l’interleukine 17. « Le traitement était si efficace que de nombreux patients n’avaient plus une trace de psoriasis sur leur corps », se félicite Mark Lebowhl, co-auteur de l’étude.
A 12 semaines de traitement, 44 % des patients sous brodalumab ont vu leurs symptômes reculer de 100 % - contre 22 % des participants sous ustekinumab, qui est le traitement de référence. Dans la deuxième étude, un écart se creuse aussi entre les deux groupes, et une majorité est parvenue à réduire de 75 % les sympômes – ce qui était l’objectif principal
Le brodalumab est donc plus efficace, mais avec autant d’effets secondaires que l’ustekinumab. Au cours de l’étude, les chercheurs ont dénombré des infections respiratoires, des douleurs articulaires, une chute du nombre de globules blancs, des inflammations des muqueuses et des cas de levurose. Deux participants se sont suicidés, l’un au cours de la phase de randomisation, l’autre lorsque le brodalumab a été étendu à tous. « Indépendamment du traitement, les patients psoriasiques sont à risque accru de dépression, d’anxiété et d’idées suicidaires. Aucune causalité entre le brodalumab et ces événements n’a été établie », précise un communiqué.