Au fil de son évolution, le virus du sida a mis en place de nombreuses stratégies pour infecter les cellules de notre organisme. Des mécanismes d’adaptation indispensables pour échapper au système immunitaire et contrecarrer la protection mise en place par les cellules.
Parmi ces processus, la protéine virale Nef joue un rôle crucial. « Lorsque le virus du sida se réplique dans une cellule, il utilise Nef pour neutraliser les protéines responsables de la protection des cellules, explique Federico Santoni, bioinformaticien à l’université de Genève et co-auteur de l’étude.
Or, d'autres protéines sont capables d’inactiver Nef. Le virus du sida est alors affaibli et ne peut pas s’introduire dans les cellules pour les infecter. Une équipe de chercheurs helvétiques et italiens ont combiné leurs forces pour découvrir les protéines cellulaires responsables. Leurs résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Nature.
Le but de nos travaux était donc d’identifier ces protéines inconnues afin de comprendre pourquoi certaines cellules sont plus susceptibles que d’autres au VIH », ajoute Federico Santoni.
Une nouvelle piste thérapeutique
En étudiant différentes lignées de cellules, les chercheurs ont identifié SERINC5, une protéine de la membrane capable de bloquer l’infection par le VIH. « Le mécanisme d’infection se déroule en deux étapes, détaille Massimo Pizzato, virologue spécialiste du VIH à l’université de Trento (Italie) et coordinateur de l’étude.
Quand le virus pénètre dans la cellule pour l’infecter, il y arrive sans aucun problème. Mais lorsqu’il ressort de la cellule pour en infecter d’autre, il emporte avec lui un bout de la membrane cellulaire. Il porte alors à sa surface la protéine SERINC5. A partir de là, dès qu’il tente d’infecter une autre cellule, cette protéine agit comme un signal d’alarme et alerte la cellule. Le VIH ne peut donc plus pénétrer dans la cellule ». C’est pourquoi le VIH a mis en place la protéine Nef capable de neutraliser SERINC5.
Cependant, les chercheurs ont découvert que les cellules exprimant fortement SERINC5 sont protégées contre le VIH car Nef n’est plus capable de la neutraliser. « Nous devons poursuivre les travaux sur les mécanismes de défense afin d’évaluer comment ceux-ci peut être exploiter pour développer de nouvelles stratégies thérapeutiques. On pourrait renforcer la présence de SERINC5 dans toutes les cellules ou bien modifier sa structure pour éviter qu’elle ne soit désactivée par Nef », suggère Federico Santoni.