La e-cigarette est-elle sûre ? C’est sur cette question que la DGCCRF s’est penchée au cours des derniers mois. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, émanation du ministère de l’Economie, a publié un rapport ce mardi sur la sécurité des vapoteuses, qui pointe de nombreuses entorses réglementaires.
Etiquetage non conforme
Les inspecteurs ont évalué plus de 1000 références de produits (chargeurs et liquides de recharge) dans 600 établissements en France. Or, selon leurs analyses, 90 % des liquides prélevés seraient non conformes aux normes.
Les anomalies constatées concernent pour la plupart les étiquettes des liquides (mentions d’étiquetage incomplètes, pictogrammes de superficie inférieure à 1 cm, représentation interdite d’aliments ou de boissons, absence d’informations sur les dangers).
Par ailleurs, des analyses chimiques ont révélé un taux « extrêmement élevé » de produits présentant une concentrartion de nictotine différente de celle indiquée sur l’étiquette. Les inspecteurs jugent également que 6 % de ces liquides sont « dangereux » car sur la mention « danger » ne figure pas sur le flacon, ou encore parce que leur dispositif n’est pas équipé d’une sécurité enfant.
Des risques de choc électrique
Les rapporteurs de la DGCCRF ont également analysé 14 modèles de chargeurs. La quasi-totalité (13) a été déclarée non conforme, dont neuf dangereux « en raison des risques de choc électrique liés à un défaut d’isolation ».
Bien que le rapport ne se prononce pas sur la toxicité des produits et leur éventuel impact sur la santé, ses conclusions ont déclenché une vive polémique, notamment après le passage d’un reportage de TF1 relayant les résultats.
Vives réactions
La Fivape, qui représente les professionnels de la cigarette électronique, a dénoncé dans un communiqué « un amalgame coupable ». « La DGCCRF est coupable d’une omission grave : jamais elle ne précise que les contrôles et analyses s’effectuaient au regard d’une réglementation inexistante ou inadaptée (…). Comment respecter des règles lorsque celles-ci n’existent pas ? », s’interrogent ses auteurs. Depuis les contrôles, une norme AFNOR a vu le jour, en avril 2015.
Le pneumologue Bertrand Dautzenberg, fervent défenseur de la e-cigarette, s’est lui aussi insurgé d’un rapport en forme de « communication organisée pour couler la cigarette électroniques, à quelques jours d'un vote parlementaire sur le tabac. C'est une campagne pro-tabac », s’est-il exclamé sur le site de Sciences et Avenir. De fait, les sénateurs examinent le projet de loi santé, dans lequel figurent plusieurs articles relatifs à la e-cigarette.