L’exposition au plomb durant la grossesse n’affecte pas uniquement la mère et son enfant. Le saturnisme peut également être observé chez les petits-enfants, révèle une étude américaine publiée dans Scientific Reports fin septembre.
Durant la grossesse, de faibles quantités de plomb peuvent traverser le placenta et intoxiquer le bébé. Ce passage entre la mère et l’enfant peut altérer le développement fœtal et le déroulement de la grossesse.
Découverte
De précédents travaux ont montré que l’exposition au plomb entraîne des modifications épigénétiques. Celles-ci ne sont pas des mutations génétiques, elles n’altèrent pas la séquence d’ADN. Par ajout de certains groupes moléculaires, les changements épigénétiques modulent l’activité de certains gènes. Transmissibles des parents aux enfants, ces modifications sont réversibles contrairement aux mutations génétiques.
Cependant, jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que ces changements ne se transmettaient pas sur deux générations. Les travaux de l’université d’Etat Wayne sont les premiers à montrer que ces modifications associées à l’exposition au plomb peuvent être transmises aux petits-enfants. Pour parvenir à cette découverte, les chercheurs ont analysé des échantillons sanguins collectés auprès de 35 couples mère-enfant originaires de l’Etat du Michigan.
Maladie à déclaration obligatoire
En France, une enquête menée par l’Institut de veille sanitaire en 2008-2009 montre que le nombre d’enfants de 1 à 6 ans atteints de saturnisme a été divisé par 20 depuis 1995. Cette baisse régulière a été possible grâce à la réhabilitation des immeubles, la suppression des carburants plombés, le traitement des eaux de distribution publique ou encore la diminution des concentrations en plomb des aliments. Malgré tout, le saturnisme reste chez les enfants mineurs une maladie à déclaration obligatoire justifiant une intervention urgente.
Depuis le 8 juin 2015, les médecins doivent alerter les agences sanitaires si un enfant présente un taux de plomb dans le sang (ou plombémie) est de 50 μg/L. « Un seuil d'intervention à ne pas confondre avec un seuil de toxicité », souligne l’Inserm. De fait, des concentrations bien plus faibles touchent de nombreux enfants et sont aussi délétères.